Quatre soldats et quatre civils ont été tués vendredi dans l'est séparatiste prorusse de l'Ukraine, au moment où Kiev, Moscou, Berlin, Paris s'activaient à aplanir les différences en vue d'un sommet de paix crucial avec Vladimir Poutine.

Ce bilan marque un regain de violence sans précédent depuis l'instauration il y a un mois d'une nouvelle trêve dans l'Est rebelle, et confirme les difficultés à relancer un processus de paix dans l'impasse.

Les chefs de diplomatie ukrainien, russe, français et allemand se sont à nouveau entretenus par téléphone vendredi après-midi. Ils ont convenu d'une rencontre lundi à Berlin pour poursuivre la préparation d'un sommet très attendu entre leurs chefs d'État, ont annoncé les ministres ukrainien et allemand.

Le ministre des Affaires étrangères ukrainien Pavlo Klimkine a laissé entendre que ce rendez-vous téléphonique n'avait pas été très fructueux.

«Je viens de raccrocher. Le seul +progrès+ est un accord pour se rencontrer à Berlin. On continue de travailler...», a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier a de son côté reconnu que la «route reste longue et sinueuse jusqu'à une pleine mise en oeuvre des accords de Minsk» signés en septembre entre Kiev et les séparatistes avec la participation de Moscou et de l'OSCE.

«Lundi, nous voulons à nouveau tenter de franchir les obstacles sur cette voie. Nous aurions tort de ne pas essayer», a-t-il ajouté.

Le président ukrainien Petro Porochenko a annoncé fin décembre la tenue d'un sommet dans le format dit Normandie (Ukraine, Russie, France, Allemagne) le 15 janvier à Astana, la capitale du Kazakhstan, une date qui n'a pas été confirmée par d'autres protagonistes.

Mme Merkel a souligné jeudi que la date de cette rencontre était encore à confirmer «après les discussions prévues dans les prochains jours».

«Une rencontre au sommet ne peut se concevoir qu'avec des progrès tangibles. Nous en sommes encore loin», a précisé vendredi le ministère allemand des Affaires étrangères.

Entre-temps, il y a eu vendredi des contacts par Skype entre les séparatistes prorusses et le Groupe de contact composé de représentants de l'Ukraine, de la Russie et de l'OSCE, a annoncé Denis Pouchiline, émissaire de la république autoproclamée de Donetsk.

Il a dit espérer que le sommet d'Astana devrait stimuler les pourparlers de Minsk impliquant les rebelles.

- 'ça explose sans arrêt' -

Sur le terrain, la situation s'est nettement dégradée au cours des dernières 24 heures.

Deux civils ont été tués vendredi après-midi dans un bombardement du district Kouïbychevski, dans l'ouest de Donetsk, alourdissant à quatre le bilan des morts civils, les premières depuis le cessez-le-feu du 9 décembre.

«Les bombardements ont repris après une longue accalmie. Depuis ce matin, ça explose sans arrêt», a raconté à l'AFP Oksana, 27 ans, mère de trois enfants vivant dans le quartier Petrovski dans l'ouest de Donetsk.

«Nous sommes très inquiets que les obus puissent endommager une conduite de gaz ou une centrale de chauffage, ce qui nous laisserait sans chauffage par -10°», a-t-elle poursuivi.

L'armée a annoncé quatre soldats tués et huit blessés, l'un des bilans les plus lourds pour l'armée ukrainienne depuis le cessez-le-feu du 9 décembre.

Le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko a accusé vendredi les séparatistes de se livrer à des «provocations en tirant aux mortiers et aux lance-roquettes Grad» sur les positions de l'armée ukrainienne.

Selon lui, l'intensification des hostilités coïncide avec l'arrivée dans l'Est séparatiste de «convois humanitaires» russes, dont «le onzième composé de 124 camions» a franchi la veille la frontière.

Accusée par Kiev et les Occidentaux d'armer la rébellion dans l'est de l'Ukraine et d'y avoir déployé des troupes régulières - 7500 soldats russes à ce jour, selon le ministère ukrainien de la Défense - , la Russie dément toute implication dans le conflit qui a fait plus de 4700 morts en neuf mois.