Le nouveau ministre ukrainien de la Défense, Stepan Poltorak, s'est engagé mardi à construire une armée forte pour rétablir la paix dans l'est de l'Ukraine, à quelques heures d'une rencontre à Paris entre chefs de la diplomatie russe et américain.

Sergueï Lavrov et John Kerry, artisans d'un dialogue entre Moscou et Washington rendu de plus en plus difficile par les crises syrienne et ukrainienne, devaient se retrouver à 10h. Ce rendez-vous précède une rencontre entre les présidents russe et ukrainien Petro Porochenko et Vladimir Poutine vendredi à Milan, en présence de dirigeants européens.

Soumise par le président Petro Porochenko, la candidature du général Poltorak, 49 ans, a été approuvée par le Parlement par 245 voix pour et une contre.

Chef de la Garde nationale, unité composée en partie de volontaires, il devient le quatrième ministre à ce poste depuis l'arrivée au pouvoir de proeuropéens en février à Kiev, suivie du rattachement de la Crimée à la Russie sans combats et de la rébellion dans l'Est.

Les combats entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses, soutenus matériellement et militairement par Moscou selon Kiev et les Occidentaux, y ont fait plus de 3600 morts en six mois. Ils se sont poursuivis ces dernières semaines dans plusieurs points de tension malgré l'instauration d'un cessez-le-feu le 5 septembre.

«L'Ukraine a besoin de paix et seules des forces armées modernes et mobiles, bien formées et bien équipées peuvent la garantir. Je sais ce qu'il faut faire», a souligné le nouveau ministre devant les députés.

Le général Poltorak est réputé pour avoir mis sur pied la Garde nationale, formation dépendant du ministère de l'Intérieur qui a intégré des volontaires issus de la contestation du Maïdan. Ces forces se sont illustrées dans les combats les plus durs dans l'Est, alors que l'armée s'est parfois montrée en difficulté, conséquence de manques de financements criants et d'une structure bureaucratique.

Le président Porochenko a déclaré aux députés que le nouveau ministre s'occuperait avant tout de «créer un système puissant de défense» et de «reconstruire le système approvisionnement» de l'armée.

Forces ukrainiennes piégées en août

Annoncée à moins de deux semaines des législatives anticipées du 26 octobre, la nomination de M. Poltorak à la place de Valéri Gueleteï, un proche de M. Porochenko, est la conséquence de revers essuyés dans l'Est.

L'ancien ministre s'est notamment vu reprocher sa gestion de la bataille d'Ilovaïsk, localité stratégique de la région de Donetsk, où les forces ukrainiennes se sont trouvées piégées en août, entraînant plus de 100 morts dans leurs rangs.

Depuis, l'instauration d'un cessez-le-feu dans l'Est n'a permis qu'un apaisement relatif de la situation, l'ONU ayant estimé à plus de 330 le nombre de morts dans l'Est dans le mois suivant les accords de Minsk le 5 septembre.

Après un semblant d'accalmie pendant le week-end, les forces ukrainiennes ont indiqué avoir subi plusieurs attaques des rebelles dans la nuit de lundi à mardi, notamment près de l'aéroport de Donetsk, très disputé.

Le gouverneur pro-Kiev de la région de Lougansk, voisine de celle de Donetsk, a annoncé la mort de deux soldats ukrainiens dans des combats lundi à la mi-journée.

La pression des Occidentaux reste forte contre Moscou, qui selon eux a poussé son soutien jusqu'à envoyer des troupes régulières dans l'Est pendant l'été.

Ils ont introduit contre la Russie des sanctions sans précédent, qui ont poussé son économie au bord de la récession et fait plonger sa monnaie à des nouveaux records de faiblesse mardi face à l'euro et au dollar. En réponse, Moscou a décrété un embargo sur la plupart des produits alimentaires des pays qui la sanctionnent.

Isolée des Occidentaux, la Russie tente d'accélérer son rapprochement avec son voisin chinois, qui offre des perspectives prometteuses, mais s'est révélé ces dernières années un négociateur difficile.

Le premier ministre chinois, Li Keqiang, rencontre mardi Vladimir Poutine à Moscou où les deux pays ont déjà signé de nombreux contrats lundi.