L'armée ukrainienne et les rebelles prorusses se préparaient dimanche à éloigner leurs troupes de la ligne de front, mais la condition d'une trêve totale des affrontements ne paraissait toujours pas remplie.

Une semaine après le mémorandum signé à Minsk le 20 septembre entre Kiev, Moscou, les rebelles et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) afin de mettre un terme aux combats, les belligérants ont engagé samedi à 18h00 (11h00, heure de Montréal) un compte à rebours de 24 heures durant lesquelles un «silence» total doit s'imposer.

Mais «des bruits d'explosion» étaient entendus dimanche vers 10h00 (3h00, heure de Montréal) dans le centre de Donetsk, la principale ville aux mains des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, a rapporté la mairie. La même source avait fait état samedi après-midi d'un civil tué par un tir d'obus contre une maison d'habitation.

L'armée ukrainienne a indiqué de son côté dimanche matin que des «groupes armés incontrôlés» continuaient à ouvrir le feu sur ses positions, mais sans faire de victime. L'armée ukrainienne avait fait état samedi d'un mort dans ses rangs au cours des 24 heures précédentes.

Ces affrontements sont sans commune mesure avec la violence qui prévalait dans l'est de l'Ukraine jusqu'au cessez-le-feu initial signé le 5 septembre à Minsk. Depuis cette date, au moins 44 civils et militaires ont péri, selon un décompte de l'AFP, un chiffre à comparer avec le bilan de 3200 morts donné par l'ONU pour l'ensemble des combats qui ont débuté en avril.

Le mémorandum de Minsk prévoit le retrait des armes lourdes (pièces d'un calibre supérieur à 100 mm) à au moins 15 km de la ligne de front, créant ainsi une zone tampon de 30 km de large. Le survol de la zone est interdit et tous les combattants étrangers doivent quitter l'Ukraine.

Lavrov s'en prend à Washington

«À 18h00, toutes les armes quelles qu'elles soient doivent se taire. Les mouvements de matériel lourd et d'équipements ainsi que leur redéploiement, doivent également cesser. Les deux parties doivent démontrer leur intention de mettre en oeuvre le cessez-le-feu», a expliqué samedi soir le général Iouriï Doumanski, chef des négociateurs ukrainiens, cité par la chaîne de télévision privée Ukrayina.

La trêve est négociée avec des militaires russes dans la localité de Soledar, au nord de Donetsk, en zone sous contrôle ukrainien. L'armée russe a convaincu les rebelles d'observer la trêve, selon Ukrayina.

Une fois que la trêve de 24 heures aura été obtenue, «les observateurs, qui sont pratiquement prêts, doivent venir» dans la zone tampon, a déclaré le général russe Alexandre Lentsov, chef des négociateurs de Moscou. «Nous avons établi les secteurs où ils travailleront, des deux côtés de la ligne de séparation. Des observateurs ukrainiens et russes ainsi que des représentants de l'OSCE» travailleront dans la zone avec des représentants des séparatistes, a ajouté le général russe, cité par Ukrayina.

Si l'accalmie se confirme sur le plan militaire, en revanche le règlement politique du conflit piétine, les indépendantistes, qui occupent une zone d'environ 230 km sur 160 le long de la frontière russe, ayant rejeté l'offre d'un «statut spécial» faite par Kiev. Selon des analystes, cette zone représente environ 3% du territoire de l'Ukraine et 9% de sa population.

Sur le plan diplomatique, la défiance reste entière entre Russes et Occidentaux. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré samedi à l'ONU que l'Ukraine était «victime» de la «politique arrogante» des États-Unis, qui, avec les Européens, ont soutenu le «coup d'État» aboutissant en février au départ du président prorusse Viktor Ianoukovitch.

Moscou a depuis absorbé la Crimée, région du sud de l'Ukraine, à la faveur d'un référendum non reconnu par la communauté internationale.

Moscou a par ailleurs coupé en juin l'alimentation en gaz de l'Ukraine. Une proposition de règlement du différend gazier entre les deux pays a été présentée vendredi par l'UE, mais Kiev a fait savoir samedi que rien n'était réglé.