Barack Obama a appelé mercredi la Russie à choisir la «paix» et à mettre fin à son «agression» en Ukraine, préalable à la levée des sanctions occidentales, au moment où les négociations sur l'avenir des régions séparatistes sont au point mort.

Prenant la parole à la tribune de l'ONU, le président américain a dénoncé une «agression russe en Europe (qui) rappelle une époque où les grandes nations piétinaient les petites pour poursuivre des ambitions territoriales».

Et après cinq mois d'un conflit qui a fait plus de 3200 morts, il a appelé le Kremlin à choisir «le chemin de la diplomatie et de la paix», seul moyen d'amener les Occidentaux à lever leurs sanctions économiques.

En réponse, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a adressé, devant des journalistes russes à New York, une fin de non recevoir au président américain.

«Les sanctions sont l'affaire des États-Unis. Mais ce qui se passe en Ukraine n'est en aucune façon leur affaire», a déclaré le ministre, selon des propos rapportés par l'agence Interfax.

L'intervention de M. Obama survient au lendemain de l'annonce de la tenue d'élections présidentielle et législatives le 2 novembre par les séparatistes pro-russes des régions de Donetsk et de Lougansk.

Cette initiative a fait l'effet d'une douche froide à Kiev, qui attendait depuis plusieurs jours la réponse des séparatistes à la proposition de «statut spécial» avancée par le président ukrainien Petro Porochenko.

Ce «statut spécial» visait à accorder une plus grande autonomie aux régions séparatistes et prévoyait la tenue d'élections locales le 7 décembre et une amnistie sous conditions pour les combattants.

Élections simultanées à Lougansk et Donetsk 

Mais le rejet du plan de paix par les séparatistes, désireux d'avancer sur la voie de l'indépendance, met en lumière la fragilité du processus de paix lancé ces dernières semaines.

Si la trêve des combats est globalement respectée - l'armée ukrainienne a fait état de huit blessés et n'a signalé aucun décès dans ses rangs au cours des dernières 24 heures - le volet politique concernant l'avenir des régions russophones de l'Est est beaucoup plus problématique.

Et Kiev craint que Moscou et les séparatistes fassent tout pour geler non seulement les positions actuelles mais plus globalement le conflit, la région industrielle du Donbass devenant une sorte de nouvelle Transnistrie, un de ces mini-États non reconnus de l'ex-URSS.

Le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, devait relayer les craintes de Kiev à l'Assemblée générale de l'ONU à New York, où il s'exprime mercredi  soir.

Sur le plan militaire, l'armée et la rébellion continuent le retrait de leurs canons de la ligne de front. En retirant graduellement leurs pièces d'artillerie, les belligérants permettent la mise en oeuvre d'une zone tampon de 30 km le long de la ligne de front gelée le 19 septembre.

Plus de 3200 morts en 5 mois 

Mais cette zone démilitarisée vient au monde dans la douleur. Si, d'après la mairie de Donetsk, un seul civil a été tué depuis la consolidation du cessez-le-feu samedi, des combats continuent de se dérouler, notamment dans le secteur de l'aéroport de la ville, contrôlé par l'armée ukrainienne qui y est quasiment encerclée et essuie quotidiennement des tirs rebelles.

Mercredi soir, une intense canonnade a retenti dans le centre de Donetsk, une quarantaine de coups de canon étant tirés sans qu'il soit possible d'en déterminer l'origine.

Signe de la vive tension qui règne encore entre Moscou et Kiev, les médias russes accusent les militaires ukrainiens d'avoir torturé et assassiné quatre civils à l'est de Donetsk, ce que l'armée de Kiev a démenti catégoriquement.

Selon la chaîne russe NTV, des rebelles ont découvert les corps de trois femmes et d'un homme près du village de Kommounar. A Moscou, le parti Russie Unie, principal soutien du président Vladimir Poutine, s'est emparé de l'affaire et a demandé la création d'une commission internationale.

Dans un communiqué, l'armée ukrainienne a démenti toute implication et dénoncé un «nouvel exemple de désinformation par les médias russes».