L'Union européenne a approuvé lundi de nouvelles sanctions contre Moscou en dépit de la poursuite du dialogue de paix sur l'est de l'Ukraine acceptée par les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Petro Porochenko.

Par ailleurs, un mois et demi après le crash du vol MH17, un premier rapport très attendu sur les causes de la catastrophe qui a coûté la vie à 298 personnes doit être publié mardi.

Basé sur les éléments tirés des boîtes noires de l'appareil, de photos, vidéos, ou de données des autorités aériennes, il devrait lever une partie du voile sur ce qui s'est passé le 17 juillet dans le ciel ukrainien.

Lundi, lors d'une conversation téléphonique, MM. Porochenko et Poutine ont discuté des moyens de «faciliter un règlement pacifique de la situation» sur le front ukrainien. Ils ont également «poursuivi leurs efforts de coordination des actions pour soutenir le cessez-le-feu», a rapporté le Kremlin.

Un «protocole» de cessez-le-feu en douze points a été scellé vendredi à Minsk entre Kiev et les rebelles prorusses pour mettre fin à cinq mois d'un conflit qui a fait près de 2.800 morts, selon les derniers chiffres de l'ONU.

 L'UE méfiante 

Cette poursuite des efforts bilatéraux n'a pas décidé l'Union européenne, méfiante à l'égard du Kremlin accusé de souffler le chaud et le froid, à renoncer à une nouvelle série de sanctions économiques.

Mais «en tenant compte de la situation sur le terrain, l'UE est prête à revoir les sanctions approuvées dans leur totalité ou partiellement», a déclaré le président du Conseil européen, Herman van Rompuy à l'issue d'une réunion d'urgence des ambassadeurs des 28 États membres lundi soir à Bruxelles.

Aucun détail n'a été donné sur les nouvelles sanctions dont le contenu ne sera révélé que lorsqu'elles seront publiées au Journal officiel de l'UE, une procédure qui peut prendre plusieurs jours.

«Cela nous laisse le temps pour une évaluation de la mise en oeuvre de l'accord de cessez-le-feu et du plan de paix», a dit M. van Rompuy.

Kiev et les Occidentaux accusent Moscou d'une implication active dans ce conflit. Le Kremlin dément toute ingérence et a menacé de réagir aux nouvelles sanctions au moment où l'économie russe frôle la récession.

Signe de ce contexte tendu, une frégate canadienne en mission sous commandement de l'OTAN en mer Noire a été survolée par un chasseur des forces armées russes, une manoeuvre peu appréciée par Ottawa qui a dénoncé lundi des actes «inutilement provocateurs».

Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a averti lundi que la Russie pourrait, par exemple, interdire aux compagnies aériennes occidentales le survol de son territoire pour les liaisons entre l'Europe et l'Asie, entraînant pour celles-ci de lourds surcoûts.

Vêtu de l'uniforme militaire, le président pro-européen Porochenko s'est adressé aux volontaires armés positionnés à Marioupol, dernière grande ville de l'est sous contrôle de l'armée et en proie à une offensive rebelle.

«Très dur moment» 

«En ce moment notre pays traverse un très dur moment. Mais lorsqu'un pays connaît ce genre de difficultés, ses meilleures qualités surgissent. Je n'ai jamais vu notre nation aussi unie auparavant. Je n'ai jamais vu l'Ukraine si ukrainienne», a-t-il lancé lors de son discours qui a suscité des applaudissements nourris.

«Cette ville sera ukrainienne (...). Bien-sûr il y a un danger, personne ne va vous dire que le cessez-le-feu que j'ai obtenu avec tant de difficulté nous protégera totalement», a poursuivi M. Porochenko.

Affirmant impossible de sortir victorieux du conflit «par les seuls moyens militaires» puisque «plus on augmente la pression, plus il y a de troupes russes sur notre territoire», M. Porochenko a de nouveau exhorté à un retrait rapide des troupes russes et à la fermeture de la frontière.

«Je pense que l'initiative de paix nous rapproche de ce résultat», a ajouté M. Porochenko.

L'accord de cessez-le-feu signé vendredi dans la capitale bélarusse entre Kiev, les séparatistes et Moscou, constitue une victoire --au moins temporaire-- pour Vladimir Poutine mais aussi un moindre mal pour l'Ukraine, épuisée militairement et financièrement par les combats, selon des analystes.