Le Canada consacrera 4 millions $ à des initiatives destinées à aider l'Ukraine et les pays baltes à faire face à la menace que représente la Russie.

L'annonce a été faite en marge du sommet de l'OTAN qui s'est ouvert jeudi au pays de Galles, au Royaume-Uni, au cours duquel les leaders de l'Alliance atlantique ont l'embarras du choix en matière de crises géopolitiques, de l'Ukraine à la menace que représentent les extrémistes de l'État islamique au Moyen-Orient.

Le premier ministre Stephen Harper s'est entretenu avec le président ukrainien Petro Porochenko en fin de journée, affirmant que l'argent promis servirait à améliorer les ordinateurs de commande et de logistique de l'armée ukrainienne, en plus de renforcer la sécurité des installations numériques et énergétiques en Estonie, en Lettonie et en Lituanie.

Au cours d'une séance de prise de photos, M. Harper a assuré M. Porochenko que le Canada était solidaire de l'Ukraine. «Nous surveillons bien entendu les développements dans votre pays avec beaucoup d'inquiétude et de tristesse, mais vous aurez toujours notre solidarité», a indiqué le premier ministre.

Des négociations de paix sont en cours pour résoudre la crise en Ukraine et la Russie prévenu, jeudi, qu'elles avorteraient si l'Ukraine renforçait ses liens avec l'OTAN. Kiev est un partenaire de l'alliance mais désire en devenir membre à part entière, ce que le Canada a appuyé par le passé. Jeudi, M. Porochenko n'a pas voulu donner de date exacte pour un dépôt de candidature, indiquant que d'importantes réformes économiques devaient d'abord être réalisées en Ukraine.

De leur côté, les Britanniques devraient annoncer la création d'une force expéditionnaire de 10 000 hommes à l'extérieur de l'OTAN. Ces troupes serviraient de renforts lors d'une crise touchant la force de réponse rapide de 13 000 membres déjà existante au sein de l'alliance, que les leaders proposent de renforcer avec 4500 hommes supplémentaires pouvant être déployés dans les 48 heures suivant une urgence.

Impossible de savoir au sein de quelle force le Canada serait prêt à s'investir, ni même si Ottawa agirait en ce sens. Le gouvernement Harper était toutefois heureux de promouvoir, jeudi, une liste d'exercices militaires pour rassurer les alliés nerveux, y compris le repositionnement temporaire d'une frégate canadienne dans la mer Noire ce mois-ci dans le cadre d'un exercice de l'OTAN.

Aux yeux de l'historien militaire Sean Maloney, l'alliance semble avoir oublié la façon dont elle a contenu l'Union soviétique diplomatiquement et militairement. «Nous en sommes à six mois dans cette situation et nous voyons à peine poindre une réaction en demi-ton et peu coordonnée sur le front diplomatique», a-t-il déploré.

«Durant la guerre froide, ce genre de situation n'aurait pas été possible, a poursuivi l'historien. Nous aurions répliqué en termes égaux chaque fois et la possibilité pour eux de procéder à une escalade aurait été faible... La poignée de troupes déployées par les États-Unis et le Canada à des fins d'entraînement n'est pas une démonstration crédible de solidarité», a-t-il estimé.

Absence notée, lors du sommet de l'OTAN, du ministre canadien des Affaires étrangères John Baird, qui se trouvait en Irak pour y rencontrer des membres du nouveau gouvernement et des leaders kurdes qui ont assumé le gros de l'offensive contre l'État islamique dans le nord du pays, aux côtés de certains éléments de l'armée irakienne.