Les enquêteurs internationaux vont tenter samedi de poursuivre leurs recherches de corps et indices sur le site de l'écrasement du MH17 dans l'est de l'Ukraine, contrôlé par les séparatistes prorusses qui bénéficient, selon Barack Obama, d'un «soutien accru» de Moscou.

Une première équipe d'experts internationaux a finalement accédé vendredi à la zone sur laquelle sont tombés le 17 juillet les débris du Boeing malaisien et y a rassemblé de nouvelles dépouilles en dépit d'affrontements meurtriers à proximité.

Au moins dix parachutistes ukrainiens ont été tués dans une «embuscade» tendue par des rebelles prorusses à Chakhtarsk, à environ 25 kilomètres du lieu de la catastrophe aérienne, selon l'armée. Onze sont portés disparus.

Plus de deux semaines après que l'avion qui assurait le vol MH17 de Malaysia Airlines Amsterdam-Kuala Lumpur a été abattu par un missile avec 298 personnes à son bord, dont 193 ressortissants des Pays-Bas, les débris de l'appareil et certaines dépouilles sont encore sur place.

Les recherches «très difficiles» faites par les experts internationaux sur le site contrôlé par les insurgés prendront au moins plusieurs semaines, a déclaré vendredi à Kiev le chef de la mission néerlandaise, Pieter-Jaap Aalbersberg.

Après avoir été bloqué plusieurs jours par les combats, un petit groupe d'enquêteurs avait réussi à y accéder jeudi pour une mission de reconnaissance. 70 experts néerlandais et australiens encadrés par des observateurs de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) étaient ensuite arrivés vendredi sur place.

Les experts ont travaillé dans un carré de 25 m2, a expliqué M. Aalbersberg. Samedi, 80 experts répartis en quatre équipes de 20 doivent se rendre sur place, puis à partir de dimanche ils seront 100, dont des Malaisiens.

Tirs et colonnes de fumée

Pour les enquêteurs sur le terrain, la tâche s'annonce difficile, car les combats se poursuivent dans l'Est, où l'armée tente d'isoler les séparatistes des zones frontalières et est parvenue ces dernières semaines à les repousser autour de leurs principaux bastions: Donetsk, Lougansk ou encore Gorlivka.

À une dizaine de kilomètres du site de l'écrasement, une journaliste de l'AFP a entendu un tir de char près de la ville de Kirovské et vu d'épaisses colonnes de fumée s'élever au-dessus de Chakhtarsk.

Les forces ukrainiennes ont revendiqué vendredi la prise de Novyi Svit, ville de 8000 habitants à environ 25 kilomètres au sud de Donetsk. Elles ont affirmé avoir constaté des violations de l'espace aérien ukrainien par l'aviation russe et avoir abattu un drone russe.

À Lougansk, les combats ont fait en 24 heures cinq morts parmi les civils, selon les autorités municipales. La ville n'est en outre plus alimentée en eau et électricité.

Barack Obama a une nouvelle fois déploré vendredi, lors d'une conversation téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine, le «soutien accru» de Moscou aux séparatistes en Ukraine, réaffirmant son engagement en faveur d'une solution diplomatique.

Dans leur premier entretien téléphonique depuis l'introduction de sanctions économiques occidentales sans précédent contre la Russie accusée d'armer la rébellion, le président américain et Vladimir Poutine ont convenu que la situation en Ukraine ne correspondait «pas aux intérêts» de la Russie et des États-Unis.

M. Poutine a souligné que les sanctions contre son pays étaient «contre-productives» et portaient atteinte à la stabilité internationale.

Dans une lettre adressée samedi au secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen et aux dirigeants des 27 autres pays membres, le premier ministre britannique David Cameron a estimé que l'OTAN devait repenser sa relation à long terme avec la Russie et renforcer sa capacité à réagir rapidement à toute menace.

Nouveau Parlement sans prorusses à l'automne

Le président ukrainien Petro Porochenko a réaffirmé son engagement à un cessez-le-feu autour du site au cours d'un entretien avec la chancelière allemande Angela Merkel.

Pendant une rencontre jeudi à Minsk entre des représentants ukrainien, russe et de l'OSCE avec des séparatistes, les différentes parties «se sont engagées à assurer un accès sécurisé aux enquêteurs internationaux au site du écrasement jusqu'à la fin de l'enquête sur le terrain», avait indiqué l'OSCE.

Les combats ont fait plus de 1100 morts en plus de trois mois, selon l'ONU, sans compter les victimes de la catastrophe aérienne, et conduit à une confrontation croissante entre les Occidentaux et Moscou et à l'adoption de sanctions européennes et américaines qui menacent d'affaiblir l'économie russe, déjà au bord de la récession.

Sur le front politique, le président ukrainien a promis vendredi la convocation de législatives anticipées «à l'automne», espérant qu'elles permettraient à l'Ukraine de se débarrasser des forces politiques «dirigées de l'étranger» qui soutiennent les séparatistes.

Même s'ils n'ont plus la majorité, plusieurs ex-alliés du président prorusse Viktor Ianoukovitch destitué en février après trois mois de contestation siègent au Parlement actuel, dont les communistes, accusés par les services de sécurité ukrainiens de soutenir ouvertement les séparatistes.