Le président américain Barack Obama a annoncé mardi, dans la foulée des Européens, une série de sanctions économiques contre la Russie, accusée de déstabiliser l'est de l'Ukraine, tout en rejetant l'idée que le monde était entré dans une «nouvelle guerre froide».

Sur le terrain, les forces ukrainiennes ont intensifié leur offensive et revendiqué mardi de nouvelles prises, notamment le village de Stepanivka, à environ 80 kilomètres à l'est de Donetsk. Cette zone, située entre la frontière russe et le site où le Boeing malaisien s'est écrasé, est le théâtre de violents combats ces derniers jours.

«Aujourd'hui, les États-Unis imposent de nouvelles sanctions sur des secteurs clés de l'économie russe: l'énergie, l'armement, la finance», a déclaré M. Obama depuis la Maison Blanche, quelques heures après l'annonce, à Bruxelles, d'une série de mesures pour bloquer l'accès aux marchés financiers européens des entreprises et banques russes et interdire toute nouvelle vente d'armes et de technologies sensibles dans le domaine de l'énergie.

Déplorant que la Russie s'isole de la communauté internationale «après des décennies de réels progrès», M. Obama a souligné que cette situation n'était pas inéluctable: «C'est un choix que la Russie et le président (Vladimir) Poutine en particulier ont fait».

«Ce n'est pas une nouvelle guerre froide», a-t-il cependant estimé. «C'est un problème très spécifique lié à l'attitude de la Russie qui refuse de reconnaître que l'Ukraine peut suivre sa propre voie».

L'Union européenne a durci sa position depuis le crash mi-juillet d'un avion malaisien dans l'est de l'Ukraine, attribué à un tir de missile par les séparatistes prorusses. Ce drame, qui a coûté la vie à 298 personnes dont près de 200 Néerlandais, a poussé les Européens à frapper l'économie russe et à passer à la «phase 3» de leurs sanctions.

Les capitales ont bataillé ferme pour que l'impact des sanctions sur leurs économies soit «aussi équilibré que possible», a affirmé le Premier ministre finlandais Alexander Stubb.

Pour le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, ces sanctions constituent un «avertissement fort». «La déstabilisation de l'Ukraine ou de tout autre pays voisin aura des coûts énormes pour l'économie russe», a-t-il averti. «Nos appels sont restés lettre morte (...) les armes et les combattants continuent d'affluer en Ukraine depuis la Russie».

«Inévitable»

Ce geste était «inévitable», a estimé pour sa part la chancelière allemande, Angela Merkel, qui a appelé le pouvoir russe «à emprunter la voie de la désescalade et de la coopération».

Pour M. Obama, le fait que les Européens, qui ont des liens économiques étroits avec la Russie, aient adopté ces mesures, démontre que «la patience de l'Europe vis-à-vis du président Poutine, dont les mots ne sont pas suivis d'actes, s'effrite».

Le Trésor américain a précisé que les États-Unis interdisaient désormais aux Américains d'effectuer certaines transactions impliquant des financements sur le long terme avec la VTB, deuxième banque de Russie, la Banque de Moscou, qui est une de ses filiales, ainsi que la Banque agricole russe.

Les mesures prises par l'Europe ne seront pas rétroactives dans le domaine de la défense, permettant à la France d'honorer son contrat de vente de deux porte-hélicoptères Mistral à la Russie, au grand dam de pays comme la Lituanie, en faveur de la méthode forte à l'encontre de Moscou.

Les Européens ont également décidé de bloquer les avoirs de huit personnes, dont quatre hommes d'affaires russes proche du président Poutine, accusés de bénéficier de l'annexion de la Crimée ou de soutenir activement la déstabilisation de l'est de l'Ukraine. Leur identité sera connue mercredi.

Dix militaires ukrainiens tués 

Pour le troisième jour d'affilée, les experts néerlandais et australiens ont renoncé mardi à se rendre sur les lieux de l'accident où demeurent débris et dépouilles, chaque jour qui passe rendant l'enquête sur la catastrophe aérienne plus compliquée.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a appelé le président ukrainien Petro Porochenko pour demander l'arrêt des combats près du site, qui constituent, selon Moscou, une violation de la résolution votée à l'ONU après le drame du vol MH17.

«Les militaires ukrainiens ne mènent aucun combat sur la zone de la catastrophe. Cette zone est bloquée par les terroristes», s'est défendu un porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko.

Il a cependant ajouté que les forces ukrainiennes faisaient «tout leur possible pour libérer cette zone» et indiqué que dix militaires ukrainiens avaient péri au cours des dernières 24 heures.

Sur le plan diplomatique, le président ukrainien a proposé de tenir des pourparlers jeudi à Minsk avec la Russie concernant la situation dans l'Est de l'Ukraine et l'accès au site du crash.