Une offensive des forces ukrainiennes menace de couper en deux les forces séparatistes prorusses. Simultanément, Moscou semble avoir effectué une purge au sein des dirigeants de la République populaire de Donetsk.

Kiev s'est félicité hier d'avoir repris plusieurs villes importantes et d'être sur le point de couper les voies de ravitaillement des séparatistes prorusses. En réalisant dimanche une double percée convergeant vers la zone où s'est écrasé le Boeing 777 de Malaysia Airlines, l'armée ukrainienne coupe les deux routes principales entre la République populaire de Donetsk (DNR) et la République populaire de Lougansk (LNR), son allié, qui contrôle encore une importante portion de la frontière avec la Russie. Le gouvernement ukrainien accuse depuis plusieurs mois Moscou de fournir aux rebelles des armes et des mercenaires.

Les combats d'hier dans les villes d'Enakievo, Chakhtiorsk et Thorez, trois villes à proximité immédiates du lieu de la catastrophe aérienne, ont contraint les enquêteurs et la police néerlandaise à rebrousser chemin. L'accès aux zones de combat a été interdit aux médias par les autorités séparatistes, qui soupçonnent les journalistes de transmettre des informations sur l'emplacement de leurs forces à l'armée ukrainienne.

L'interdiction a été présentée comme une volonté de «garantir la sécurité des journalistes». Interrogé sur ce qui restait autorisé par les autorités, le commandant Khassanov, s'est trouvé embarrassé pour répondre. Il s'est contenté de remettre à plus tard l'annonce de règles précises.

L'aile militaire de la DNR reste dirigée par Igor Guirkine, surnommé «Strelkov». Ce dernier est apparu devant les journalistes hier soir, déclarant entre autres avoir vu les «cadavres de race négroïde», preuve, selon lui, que Kiev utilise des mercenaires étrangers.

Si Strelkov conserve une autorité certaine sur les troupes séparatistes, en dépit des revers, l'aile politique de la DNR paraît tanguer sérieusement. Le premier ministre Alexandre Borodaï, qui avait jusqu'ici la main haute sur l'appareil politique, a disparu, suggérant qu'une rotation des cadres est en cours.

Un troisième homme, Vladimir Antioufeïev, a pris le devant de la scène hier à Donetsk en s'autodéclarant premier ministre et commandant en chef. De nationalité russe, comme ses deux prédécesseurs, l'homme est connu pour disposer de liens étroits avec les services secrets russes et pour avoir été «l'homme de Moscou» au gouvernement de Transnistrie, une région séparatiste de la Moldavie.

La rotation des dirigeants signale une mainmise de plus en plus forte des «Russes» sur un mouvement séparatiste au départ dirigé par des hommes originaires de la région de Donetsk.

«Les Russes devaient en principe régler les questions militaires, mais ça tourne mal et Borodaï s'est déjà enfui à Moscou», confie un ministre de la DNR, qui tient à rester anonyme. «Si nous ne recevons plus d'aide russe, nous n'allons pas pouvoir tenir longtemps», lâche d'un air sombre cet homme natif de Donetsk.

Le revers subit ne signifie pas nécessairement un effondrement rapide ou total des forces séparatistes. Dans le passé, les rebelles prorusses ont démontré leur capacité à réussir des contre-attaques et disposent d'un arsenal conséquent.