Le président ukrainien Petro Porochenko a promis mardi la libération prochaine des grandes villes de l'est de l'Ukraine contrôlées par les séparatistes prorusses lors d'une visite éclair à Slaviansk, ancien bastion des insurgés.

En tenue de camouflage, accompagné de plusieurs de ses ministres et de nombreux gardes du corps, M. Porochenko a fait une brève apparition sur la place centrale de Slaviansk, place forte séparatiste évacuée samedi par les rebelles face à l'avancée des forces loyales au gouvernement de Kiev. Il a été salué par plusieurs centaines d'habitants venus chercher l'aide humanitaire, a constaté un journaliste de l'AFP.

Interrogé pour savoir quand il se rendrait de la même manière à Donetsk et à Lougansk, toujours contrôlées par les séparatistes, il a répondu : «très prochainement, je pense».

Les forces ukrainiennes resserraient mardi leur étau autour de ces deux capitales régionales, avec l'objectif déclaré d'obtenir la reddition des insurgés.

«Toutes les routes menant vers Donetsk et Lougansk sont bloquées et des postes de contrôle y ont été établis par les forces de l'opération antiterroriste», a annoncé le porte-parole du Conseil de sécurité nationale et de défense Andriï Lyssenko.

Il a affirmé que le président Petro Porochenko avait approuvé un plan de libération de ces villes, mais a refusé d'en dire plus «pour réserver une surprise déplaisante aux terroristes».

Le gouvernement ukrainien ne négociera pas avec les rebelles tant qu'ils n'auront pas déposé les armes, a pour sa part déclaré le ministre de la Défense Valeriï Gueleteï.

Les conditions posées par Kiev constituent un refus implicite des propositions de compromis européennes.

Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a appelé lundi Kiev à dialoguer avec les séparatistes pour rechercher un cessez-le-feu.

Mais aux yeux de Kiev, un cessez-le-feu inconditionnel, observé tant que les insurgés contrôlent une partie de la frontière avec la Russie, ne ferait que renforcer ces derniers.

Les présidents américain Barack Obama et français François Hollande, qui ont eu un entretien téléphonique lundi, ont adopté un langage légèrement différent, appelant leur homologue russe Vladimir Poutine à «faire pression sur les séparatistes» prorusses «afin qu'ils acceptent le dialogue avec les autorités ukrainiennes», a fait savoir la présidence française.

Préparatifs de guérilla

De son côté, la porte-parole du département d'État Jennifer Psaki, interrogée sur des images de victimes civiles dans l'est de l'Ukraine attribuées à des bombardements aériens par les forces de Kiev, a réaffirmé le soutien de Washington à ces dernières.

«Le gouvernement de l'Ukraine défend son pays et je pense qu'il a le droit de le faire», a dit la porte-parole. «Les habitants de l'Ukraine ont le droit de vivre en paix et en sécurité, sans que des séparatistes appuyés par la Russie attaquent leurs maisons», a-t-elle ajouté.

À Donetsk, un avion a mené des frappes sur une mine désaffectée dans les faubourgs ouest de la ville, non loin d'un lieu de cantonnement de combattants séparatistes prorusses, selon des témoignages recueillis par l'AFP.

À Lougansk, un taxi collectif a été touché par un obus en début de journée, faisant deux morts et quatre blessés, ont annoncé les autorités locales. Par ailleurs, selon M. Lyssenko, l'aéroport de Lougansk, tenu par les forces loyalistes, a été la cible de tirs de chars.

Le chef de la «République populaire de Lougansk», Valeriï Bolotov, a affirmé pour sa part que ses forces avaient réussi à repousser celles de Kiev et contrôlaient toujours le village d'Izvarine et le tronçon voisin de la frontière avec la Russie.

Les gardes-frontières ukrainiens ont rapporté mardi avoir perçu «des signes de préparatifs des séparatistes à mener une guérilla le long de la frontière» et notamment à déclencher des tirs-surprises contre les postes-frontière et les forces de «l'opération antiterroriste».

À Kiev, le ministre de la Justice Pavlo Petrenko a lancé une procédure judiciaire pour interdire le Parti communiste ukrainien en raison de son soutien non dissimulé aux séparatistes de l'Est.

Et à Moscou, qui, selon Kiev, joue un rôle clé en soutenant la rébellion, les succès des forces ukrainiennes sur le terrain n'ont pas suscité de réaction vigoureuse, la classe dirigeante apparaissant divisée entre les partisans de la ligne dure, poussant à l'escalade du conflit, et ceux de la solution diplomatique, soucieux de l'impact que d'éventuelles nouvelles sanctions pourraient avoir sur l'économie russe.