L'Ukraine a décidé de maintenir son cessez-le-feu unilatéral malgré l'attaque d'un hélicoptère qui a fait neuf morts la veille dans l'est du pays, a annoncé mercredi son ministre des Affaires étrangères, Pavlo Klimkine, à Bruxelles.

«Nous maintenons notre engagement, nous maintenons notre cessez-le-feu unilatéral», a déclaré M. Klimkine devant la presse, après une réunion avec les chefs de la diplomatie des pays de l'OTAN.

Il a regretté «les tragiques développements» survenus mardi avec en particulier la perte d'un hélicoptère à la périphérie de Slaviansk, bastion insurgé, et celle des neuf soldats à bord.

«De telles provocations sont extrêmement dangereuses pour obtenir un cessez-le-feu durable», a-t-il souligné. Mais «nous sommes déterminés à faire le maximum afin de parvenir à la désescalade» dans l'Est, notamment à Donesk et à Slaviansk.

Le président ukrainien Petro Porochenko n'avait pas exclu mardi de mettre fin au cessez-le-feu après la destruction de l'hélicoptère.

L'armée ukrainienne a dénoncé mercredi des violations «massives» du cessez-le-feu provisoire, dénombrant plus de 40 attaques de séparatistes prorusses depuis lundi dans l'Est.

M. Klimkine a précisé que la décision de prolonger ou non le cessez-le-feu, appliqué depuis vendredi dernier pour une semaine, relevait de «la compétence» du président Porochenko. «Nous sommes pleinement engagés en faveur du plan de paix (...), mais ça dépendra de l'évolution de la situation», a-t-il précisé.

Les Occidentaux appellent à sauver la trêve

Les dirigeants européens et les États-Unis ont accru leur pression sur Vladimir Poutine pour aider le président pro-occidental ukrainien Petro Porochenko à sauver un cessez-le-feu crucial et parvenir à un plan de paix dans l'est de l'Ukraine.

Mercredi soir, Barack Obama a menacé la Russie de nouvelles sanctions si elle ne prenait pas de «mesures rapides» pour faire baisser la tension, à l'issue d'une conversation téléphonique avec le premier ministre italien Matteo Renzi, selon la Maison-Blanche.

Le président américain faisait écho au secrétaire d'État John Kerry qui a plus tôt appelé Moscou à des «actes concrets» pour mettre fin à la crise, alors que les combats entre les rebelles et l'armée ont fait plus de 400 morts depuis avril.

De leur côté, les dirigeants français et allemand, François Hollande et Angela Merkel, ont appelé M. Porochenko et l'homme fort du Kremlin à «travailler ensemble» pour faire cesser les combats entre les insurgés prorusses et l'armée, selon Paris.

Les dirigeants européens ont demandé à l'Ukraine et à la Russie de travailler à la mise en place d'un mécanisme de vérification du cessez-le-feu avec l'appui de l'OSCE et à un «contrôle effectif» de la frontière russo-ukrainienne.

Kiev et les Occidentaux accusent la Russie d'armer en sous-main la rébellion prorusse, à travers la frontière, ce que dément Moscou qui a demandé une prolongation de la trêve au-delà de vendredi.

Petro Porochenko, qui avait brandi la menace d'une levée du cessez-le-feu après la mort de neuf soldats dans la destruction d'un hélicoptère Mi-8, a décidé de maintenir cette mesure, avait indiqué auparavant à Bruxelles le chef de la diplomatie ukrainienne, Pavlo Klimkine.

«Faire le maximum» 

«Nous sommes déterminés à faire le maximum afin de parvenir à la désescalade», a-t-il assuré, après une réunion avec ses homologues des pays de l'OTAN.

Annoncée la veille par Vladimir Poutine dans un geste fort soulignant son engagement en faveur de l'apaisement, la levée de l'autorisation d'intervenir militairement en Ukraine a été entérinée mercredi par le Parlement russe. Mais les Occidentaux exigent davantage pour une désescalade.

Au coeur du sujet : les violations «massives» du cessez-le-feu provisoire, dénoncées mercredi par l'armée ukrainienne qui a dénombré plus de 40 attaques de séparatistes depuis lundi dans l'Est.

Ce cessez-le-feu décrété par Kiev à l'armée est en vigueur depuis vendredi et un chef rebelle a donné son accord lundi pour que les insurgés, qui ont revendiqué l'indépendance de deux régions, observent également une trêve pour déboucher sur des négociations de paix.

Ce chef rebelle, Alexandre Borodaï, à la tête de la république séparatiste unilatéralement proclamée de Donetsk, a déploré l'absence de résultats : «Nous voulons la paix. Mais jusqu'à présent, toutes les consultations ont été inutiles», a-t-il dit après une réunion à Donetsk à laquelle participaient notamment des représentants de Kiev.

À Slaviansk, les tirs d'artillerie ont commencé à 06H00 heure locale (03H00 GMT), a constaté un journaliste de l'AFP. Les détonations, presque incessantes, semblaient provenir tant du côté ukrainien que du côté rebelle.

Les «signaux positifs» de Moscou

Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a affirmé mercredi ne «pas voir de changement» dans l'attitude de la Russie et annoncé que l'Alliance maintenait la suspension de sa coopération avec Moscou, décidée en avril à la suite du rattachement de la Crimée.

Dans ce contexte, le chef adjoint de la diplomatie russe, Grigori Karassine, a dit espérer que les «signaux positifs» envoyés par Vladimir Poutine seraient entendus «dans le monde et surtout en Ukraine» et déboucheraient sur un dialogue.

M. Obama et le premier ministre britannique David Cameron sont convenus au cours d'un entretien téléphonique que «dans le cas où Moscou ne prendrait pas de mesures immédiates destinées à apaiser la situation dans l'est de l'Ukraine, les États-Unis et l'Union européenne» imposeraient de nouvelles sanctions à la Russie.

Vladimir Poutine, qui a multiplié les messages contradictoires au cours de la semaine en entamant notamment de nouvelles manoeuvres militaires dans le centre de la Russie, a réitéré mercredi sa volonté de voir le cessez-le-feu prolongé au-delà de vendredi.

Cette nécessité a été évoquée par les chefs de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et allemande Frank-Walter Steinmeier, selon le ministère russe des Affaires étrangères.

L'expiration vendredi de la trêve correspond au jour où l'Ukraine doit signer le dernier volet d'un accord historique d'association avec l'Union européenne, une orientation qui l'éloigne du giron russe et est au coeur de cette crise.

À ce propos, la Russie a averti mercredi qu'elle prendrait des «mesures de protection» s'il s'avérait que les accords d'association qui doivent être signés vendredi entre l'UE et l'Ukraine, la Moldavie et la Géorgie nuisaient à son économie.