Les combats ont à nouveau fait rage dans l'est de l'Ukraine, faisant au moins quatre morts et craindre un scénario de guerre civile, tandis que mardi le parlement se réunit à huis clos à Kiev et que Vienne sera au centre d'une réunion axée sur la crise ukrainienne.

De son côté, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague est attendu dans la soirée dans la capitale ukrainienne pour des entretiens avec les principaux responsables du pays.

Le chef de la diplomatie britannique se sera auparavant rendu à Vienne pour parler de l'Ukraine avec une trentaine de ministres, dont le Russe Sergueï Lavrov et l'Ukrainien Andriï Dechtchitsa, à l'occasion d'une réunion du comité ministériel du Conseil de l'Europe.

Lundi, des échanges de tirs intenses ont eu lieu pendant plusieurs heures dans la périphérie du bastion insurgé pro-russe de Slaviansk, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les combats ont fait quatre morts et une trentaine de blessés parmi les membres des forces de l'ordre ukrainiennes, a annoncé le ministère de l'Intérieur. Le ministère a affirmé que les rebelles se servaient de la population comme «bouclier» et avaient mis le feu à des maisons en faisant des victimes.

Selon l'administration régionale de Donetsk, un civil a été tué et 15 blessés par balles à Slaviansk.

Un hélicoptère Mi-24 de l'armée a été abattu à l'arme lourde vers 7h30 près de Slaviansk. Les pilotes ont survécu, selon le ministère de la Défense. Il s'agit du quatrième appareil perdu par les forces armées ukrainiennes depuis vendredi.

Par la suite, des rafales d'armes automatiques ont été pour la première fois entendues tout près du centre de Slaviansk, suggérant que l'armée gagnait du terrain, selon l'AFP.

«Ma mission est d'éliminer les terroristes», a auparavant déclaré le ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov, qui se trouvait à un checkpoint à proximité de la zone de combats. «Terroriste» est le terme utilisé par Kiev pour désigner les insurgés russophones.

Selon le chef de la Garde nationale, Stepan Poltorak, également sur place, «nos adversaires sont bien entraînés et bien équipés». «Ils font tout pour nous obliger à utiliser des armes lourdes, mais nous ne le ferons pas pour épargner la population civile», a-t-il déclaré.

Le commandant rebelle, Vadim Orel, a affirmé à l'AFP que l'armée ukrainienne avait tiré sur les insurgés depuis un hélicoptère et avait aussi eu recours à des roquettes près d'une autre localité, située à 5 km au sud de Slaviansk.

La paix en Europe menacée selon Moscou 

La Russie, que l'Occident et Kiev accusent depuis des mois de téléguider les troubles dans l'est et le sud du pays, a mis en garde lundi contre une «catastrophe humanitaire» dans les villes actuellement sous blocus de l'armée, Slaviansk et la ville voisine de Kramatorsk.

«On constate une pénurie de médicaments, des interruptions de livraisons de denrées alimentaires commencent à se produire», a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères.

L'apparition de problèmes d'approvisionnement a été constatée par l'AFP à Slaviansk.

Dans un «Livre blanc» publié lundi, Moscou a estimé que la crise pourrait menacer la stabilité et la paix en Europe en l'absence d'une réponse adéquate de la communauté internationale.

Des «forces ultranationalistes, extrémistes et néonazies» sont à l'oeuvre en Ukraine où elles se rendent coupables de violations «massives» des droits de l'homme, déclare ce rapport publié par le ministère russe des Affaires étrangères.

Le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a auparavant dénoncé la «guerre qui est de fait en train d'être menée contre nous», après les incidents meurtriers qui se sont déroulés vendredi à Odessa (sud), causant la mort d'une quarantaine de personnes dont des dizaines de pro-russes.

Selon lui, «l'objectif (des insurgés pro-russes) est de renverser le gouvernement à Kiev», et des provocations et incidents peuvent désormais se produire sur tout le territoire, notamment le 9 mai, jour férié commémorant en Ukraine et en Russie la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour le commandant des forces de l'Otan en Europe, le général Philip Breedlove, le président russe Vladimir Poutine est en mesure d'atteindre ses objectifs dans l'est de l'Ukraine sans traverser la frontière. «Le déroulé le plus probable, est qu'il (M. Poutine, ndlr) continuera à faire ce qu'il fait : discréditer le gouvernement, provoquer le chaos et essayer de préparer le terrain pour un mouvement séparatiste», a-t-il dit à Ottawa.

Ban Ki-Moon prêt à une médiation

Face à la dégradation de la situation, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a offert sa médiation pour trouver une solution. «Je suis prêt à jouer un rôle si c'est nécessaire», a-t-il déclaré à l'AFP à Abou Dhabi.

Le président de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Didier Burkhalter, président de la Confédération helvétique, est, lui, attendu mercredi à Moscou, où il doit évoquer le dossier ukrainien avec M. Poutine.

Les deux hommes doivent discuter «de la mise en place de tables rondes sous le parrainage de l'OSCE, qui doivent faciliter un dialogue national avant l'élection présidentielle» anticipée prévue le 25 mai en Ukraine, selon Berlin.

Dimanche, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a plaidé en faveur d'une deuxième conférence de Genève, malgré l'absence de résultats concrets à la suite de la première, qui avait eu lieu à la mi-avril.

Parallèlement, les Occidentaux poursuivent leur politique de sanctions contre la Russie. Le sous-secrétaire américain au Trésor chargé des sanctions, David Cohen, se rendra en France, en Allemagne et au Royaume-Uni du 6 au 9 mai pour coordonner «l'application des sanctions en réponse aux actions illégales de la Russie en Ukraine», selon un communiqué du Trésor.