Une nouvelle série de sanctions a été annoncée lundi contre la Russie, accusée par les Occidentaux de jeter de l'huile sur le feu dans la crise ukrainienne, et qui a aussitôt promis de répliquer.

Américains et Européens ont dévoilé quasi simultanément lundi les nouvelles sanctions censées convaincre Moscou de ne pas déstabiliser davantage la situation déjà explosive en Ukraine.

Côté américain, sept responsables russes et 17 sociétés, jugés proches du président russe Vladimir Poutine, vont se voir imposer des sanctions. Washington va également revoir les conditions d'autorisation à l'exportation en Russie de certains équipements haute technologie qui pourraient avoir un usage militaire, a indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué.

L'Union européenne, de son côté, va ajouter quinze noms à la liste des personnes sanctionnées, a-t-on appris lundi de sources diplomatiques. Les mesures entreront en vigueur à la publication du Journal officiel de l'UE, qui devrait dévoiler les noms probablement mardi matin.

«Nous nous trouvons dans une situation où il n'y a pas de désescalade», a souligné mardi la porte-parole de la Commission européenne, Pia Ahrendkilde Hansen.

La réaction de Moscou n'a pas tardé : «Chaque mot utilisé par le porte-parole de la Maison-Blanche (...) témoigne du fait que les États-Unis ont complètement perdu le sens des réalités et mènent les choses vers une aggravation de la crise», a estimé le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.

«Bien sûr, nous allons répondre» aux sanctions, a-t-il déclaré, cité par les agences russes. «Nous sommes confiants que cette réponse aura un effet douloureux pour Washington», a-t-il ajouté, soulignant que la Russie disposait d'une «large» gamme d'options en la matière.

Les Occidentaux accusent ouvertement la Russie d'attiser la flamme séparatiste dans l'est de l'Ukraine, et espèrent l'en dissuader en l'isolant sur la scène internationale.

Ils s'inquiètent aussi des importants mouvements de troupes russes en cours à la frontière occidentale, où Moscou aurait massé jusqu'à 40 000 hommes pour des «manoeuvres».

Pour répondre aux inquiétudes suscitées dans la région, quatre avions de combat français sont arrivés lundi en Pologne tandis que quatre avions britanniques ont rejoint la Lituanie dans le cadre d'une mission de l'OTAN.

Nouveau foyer de crise

Les nouvelles mesures annoncées par Bruxelles et Washington étaient attendues, après la dégradation de la situation ces derniers jours dans l'est de l'Ukraine, où la rébellion pro-russe ne cesse de s'étendre et où des insurgés retiennent depuis vendredi des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Les négociations pour la libération des 7 étrangers et de leurs 4 accompagnateurs ukrainiens se poursuivaient lundi après-midi à Slaviansk, bastion séparatiste dans la région de Donetsk, qui échappe depuis deux semaines au contrôle de Kiev.

«Tous sont vivants et en bonne santé», a déclaré lundi à la presse le maire autoproclamé de Slaviansk, Viatcheslav Ponomarev, qui les avait qualifiés dimanche de «prisonniers de guerre».

L'OSCE, de son côté, organisait lundi après-midi à Vienne une réunion extraordinaire de son conseil permanent consacré à l'Ukraine.

Le gouvernement allemand a demandé lundi à Moscou de condamner clairement la «prise en otages» des observateurs et de «se distancier très clairement de tels actes».

Les rebelles de Slaviansk détiennent également depuis dimanche trois officiers ukrainiens, qu'ils accusent d'espionnage. La télévision russe a diffusé des images des trois hommes en caleçon, les yeux bandés et couverts de ruban adhésif.

Les tensions entre pro-russes et pro-ukrainiens sont également vives dans d'autres villes de la partie orientale du pays. Au total, une douzaine de villes se trouvent actuellement sous le contrôle des forces pro-russes, qui en occupent les principaux bâtiments officiels.

Un nouveau foyer de crise est apparu lundi matin dans la ville de Kostiantynivka, proche de la capitale régionale Donetsk, où des insurgés pro-russes lourdement armés se sont emparés de la mairie et ont dressé des barricades, selon des journalistes de l'AFP.

Une poignée d'hommes en uniformes dépourvus d'insignes -- semblables à ceux qui s'étaient emparés des bâtiments officiels en Crimée avant son rattachement à la Russie en mars -- assurent la garde devant la mairie et le siège de la police de cette ville de 80 000 habitants. Ils y ont hissé un drapeau de la «république de Donetsk».

À Kharkiv, le maire pro-russe Guennadi Kernes a été grièvement blessé par balle lundi dans un «attentat» commis par des inconnus, a indiqué la mairie.

À Donetsk, le corps mutilé d'un homme a été retrouvé dans la rivière. Il porte le même type de blessures et de tortures que deux cadavres repêchés ces derniers jours, dont celui d'un conseiller municipal pro-ukrainien, selon l'administration régionale.

À Kiev, le premier ministre Arseni Iatseniouk a déclaré lundi que le gouvernement ukrainien allait se pourvoir auprès de la Cour d'arbitrage de Stockholm contre le géant russe Gazprom en vue de parvenir à un accord sur le prix du gaz.