Les ministres des Affaires étrangères des 28 pays membres de l'OTAN se concertent mardi matin à Bruxelles sur leur stratégie alors que la Russie maintient sa pression sur l'Ukraine.

Les ministres doivent notamment examiner un renforcement de la présence de l'Alliance atlantique en Europe de l'Est.

L'OTAN organise d'ailleurs mardi à Vilnius un exercice sur la surveillance du ciel dans les pays baltes, préoccupés par les tensions autour de l'Ukraine. Des avions suédois et américains y participeront.

Le «Triangle de Weimar» qui regroupe les chefs de la diplomatie allemand, français et polonais des Affaires étrangères, se réunira lui aussi mardi avant le sommet de Bruxelles.

Côté russe, le géant russe Gazprom pourrait annoncer mardi une importante hausse des tarifs du gaz livré à l'Ukraine.

La Douma examine en outre un projet de loi visant à simplifier l'attribution de la nationalité russe aux populations russophones, notamment en Ukraine et en Moldavie (Transdniestrie), après l'absorption de la Crimée.

La Russie avait pourtant suscité lundi des espoirs de détente, malgré l'échec de pourparlers russo-américains à Paris, en annonçant la fin des manoeuvres de son 15e bataillon d'infanterie motorisée dans la zone de Kadamovski, près de la frontière de l'Ukraine.

Les États-Unis sont toutefois restés prudents, estimant que les informations sur le retrait de troupes russes devaient être vérifiées avant d'être commentées. Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a dit qu'il ne pouvait les confirmer tout soulignant que ce serait une étape «nécessaire pour avoir une discussion sérieuse» en vue d'une «désescalade».

La présence de ces soldats -- 20 000 selon Washington -- a fait craindre une invasion de la partie orientale de l'Ukraine, en grande partie russophone, et une répétition du scénario qui a conduit à la perte de la Crimée, au sud, où le Premier ministre russe Dmitri Medvedev s'est rendu lundi.

Une des hypothèses données à Kiev pour ce retrait a été un signe de détente donné malgré l'échec des pourparlers dimanche à Paris entre les chefs de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et américain John Kerry.

Plan d'aide et sanctions 

Le Congrès américain doit de son côté valider mardi un plan d'aide à l'Ukraine doublé d'une série de sanctions contre la Russie en représailles au rattachement de la Crimée.

Le paquet, première approbation concrète des élus américains aux autorités intérimaires de Kiev, prévoit la garantie de prêts à hauteur d'un milliard de dollars, mais aussi 50 millions de dollars pour l'aide à la démocratie, la gouvernance et la société civile, ainsi que 100 millions de dollars sur trois ans pour la coopération en matière de sécurité.

Le Kremlin insiste sur la nécessité d'une réforme constitutionnelle en Ukraine, essayant ainsi d'imposer au nouveau pouvoir pro-européen à Kiev l'adoption du fédéralisme pour défendre les régions russophones de l'Est du pays.

Un vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine, a posé clairement le problème en estimant en substance que la Russie ne reconnaîtrait pas la légitimité de l'élection présidentielle du 25 mai en Ukraine si cette réforme constitutionnelle n'était pas mise en oeuvre.

Dimanche à Paris, M. Kerry avait opposé une fin de non recevoir, en l'absence de représentant de Kiev, à l'idée présentée par Moscou d'une solution fédérale pour l'Ukraine. «Pas de décisions sur l'Ukraine sans l'Ukraine», avait-il tranché.

Medvedev en Crimée 

A Kiev, le président par intérim Olexandre Tourtchinov a aussi balayé toute idée de fédéralisme. «MM. Lavrov, Poutine et Medvedev peuvent proposer ce qu'ils veulent pour la Fédération de Russie et pour résoudre ses problèmes, mais pas les problèmes de l'Ukraine», a-t-il tranché.

Dimanche, le ministère ukrainien des Affaires étrangères avait déjà accusé Moscou de vouloir diviser encore plus le pays déjà amputé de facto de la Crimée.

La péninsule de la mer Noire, passée en moins de trois semaines du statut de république autonome ukrainienne à celui de sujet de la Fédération de Russie, a reçu la visite du Premier ministre Dmitri Medvedev.

Après le rattachement de la péninsule à la Russie, «pas un seul habitant de Crimée ne doit perdre quoi que ce soit, chacun doit y gagner», a-t-il déclaré.

Le favori des sondages pour la présidentielle du 25 mai en Ukraine, le milliardaire Petro Porochenko, a reconnu que l'Ukraine avait peu de chances de retrouver la Crimée à court terme.

L'ancien ministre de 48 ans, qui a soutenu le mouvement de contestation contre M. Ianoukovitch, fait partie des 46 candidats qui se sont déclarés auprès de la commission électorale, de même que l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko, sortie de détention le jour de la destitution de Viktor Ianoukovitch.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a de son côté suscité une controverse en comparant lundi le rattachement de la Crimée à la Russie à l'annexion des Sudètes par Adolf Hitler, selon des médias, avant de nier plus tard.