Le premier ministre Stephen Harper a affirmé jeudi que la Crimée était «occupée illégalement par des forces militaires» et que le Canada ne reconnaîtrait pas les résultats d'un éventuel référendum qui rattacherait cette région à la Russie.

Les députés criméens ont voté unanimement, jeudi, pour séparer cette péninsule de l'Ukraine et la rattacher à la Russie. Un référendum sera tenu le 16 mars.

M. Harper qualifie la présence russe d'agression et de «violation claire de la souveraineté de l'Ukraine et du droit international». Le Canada continuera de surveiller la Russie «avec la plus grande inquiétude» et de coopérer avec ses partenaires du G7 et ses alliés, a-t-il indiqué.

Jusqu'à maintenant, la Russie a refusé de retirer ses troupes de Crimée, où est basée aussi la flotte militaire russe en mer Noire. Cette situation fait naître des tensions claires avec la communauté internationale, qui a commencé à appliquer des sanctions à l'égard de la Russie et des restrictions sur les visas des autorités de Moscou.

Le nouveau premier ministre de l'Ukraine, Arseni Iatseniouk, a affirmé que la décision des députés criméens était illégitime. Moscou rétorque pour sa part que si la région vote pour faire partie de la Russie, le gouvernement légiférera afin d'accélérer les procédures.

Le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, a affirmé de son côté qu'il est impossible d'organiser un véritable référendum en seulement 10 jours, tel que proposé, et que le Canada est profondément inquiet des actions militaires de la Russie.

«Ce sont des vestiges d'une autre époque. C'est une tactique de style soviétique qui est inacceptable pour un pays du G8 et inacceptable en 2014», a-t-il déclaré à Ottawa. Il a ajouté que le Canada allait fermement désapprouver ces actions et travailler avec ses alliés pour empêcher la Russie de poursuivre ces actions.

Mercredi, M. Harper a annoncé que le Canada dépêcherait deux observateurs pour joindre une mission militaire non armée en Ukraine, et imposerait de nouvelles sanctions contre le président en fuite Viktor Ianoukovitch et son entourage.

Les deux envoyés, qui se trouvent déjà en Ukraine, seront supervisés par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Ils sont présentement en préparation pour leur mission avec d'autres observateurs.

L'ambassadeur ukrainien au Canada, Vadym Prystaiko, a soutenu à La Presse Canadienne plus tôt cette semaine que plusieurs gouvernements étudiaient les moyens possibles pour avoir une présence en Crimée afin d'observer la situation sur le terrain. Il a affirmé que le gouvernement ukrainien cherche à réfuter la version de Moscou selon laquelle l'invasion russe vise à soutenir les civils dans la péninsule de Crimée, en territoire ukrainien.

John Baird a également affirmé que le Canada enverrait une importante délégation pour surveiller le déroulement des élections générales à Kiev en mai.

Le Canada est aussi prêt à offrir de l'aide financière et une coopération avec ses alliés, incluant une collaboration avec le Fonds monétaire international (FMI). M. Harper a dit juger crucial que l'Ukraine obtienne un soutien financier.

M. Harper a ajouté que le Canada suspend aussi sa participation à la Commission économique intergouvernementale Canada-Russie (CEI), créée pour «promouvoir les relations économiques entre le Canada et la Russie».

Également jeudi, la Maison-Blanche a annoncé l'imposition de restrictions de visas aux Russes et aux Criméens qui s'opposent au nouveau gouvernement à Kiev, et a préparé le terrain pour de nouvelles sanctions économiques.

Selon un haut diplomate, les leaders de l'Union européenne, réunis à Bruxelles pour discuter de la réponse à fournir à la suite des actions de la Russie, «enverront le message clair que le référendum ne sera pas reconnu».

Mardi, Vladimir Poutine a affirmé qu'il n'avait pas l'intention d'annexer la Crimée, ajoutant du même souffle que la population avait le droit de déterminer du statut de leur région par voie de référendum.