Alors que la crise en Ukraine ne montre aucun signe d'apaisement, le premier ministre Stephen Harper a suspendu mardi toutes les activités bilatérales qui étaient prévues entre les Forces armées canadiennes et celles de la Russie.

Les exercices conjoints de simulation d'attaques terroristes qui étaient à l'horaire ont notamment été annulés, comme celui du Vigilant Eagle du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD).

M. Harper a par ailleurs indiqué que la situation en Ukraine était source de «grave préoccupation» et qu'Ottawa examinait en ce moment ses relations avec le gouvernement de Vladimir Poutine.

Interrogé en Chambre sur l'évolution de la crise, le chef conservateur a haussé le ton d'un cran, allant jusqu'à dire qu'on n'avait pas vu ce type de comportement depuis la Deuxième Guerre mondiale.

«Ce qui s'est passé, comme on le sait, a été la décision d'une puissance majeure d'envahir et d'occuper un pays voisin, basée sur une sorte de revendication de sa juridiction extraterritoriale sur une minorité ethnique», a déploré M. Harper.

«Nous n'avons pas vu ce genre de comportement depuis la Deuxième Guerre mondiale. C'est clairement inacceptable», a-t-il soutenu, ajoutant que la communauté internationale isolera la Russie en conséquence.

M. Harper faisait ainsi écho à un commentaire formulé la veille par son ministre des Affaires étrangères, John Baird, qui a comparé la présence des troupes russes en Crimée à l'invasion par l'Allemagne nazie de la Tchécoslovaquie en 1938. M. Baird a répété cette comparaison mardi lors d'un entretien avec l'ambassadeur ukrainien au Canada, Vadym Prystaiko.

Tout en niant avoir envoyé ses troupes en Crimée, le président Vladimir Poutine soutient que la Russie a le droit d'utiliser son armée pour protéger les Russes en Ukraine. Dans ce contexte marqué par les tensions, la Russie a par ailleurs procédé à un tir d'essai de missile balistique intercontinental Topol - un exercice qu'elle a complété avec succès.

Depuis le début de l'intervention russe en Crimée, Ottawa a rappelé temporairement son ambassadeur à Moscou, suspendu les préparatifs pour le sommet du G8 qui doit se tenir à Sotchi au mois de juin et annulé sa représentation gouvernementale aux Jeux paralympiques au même endroit. Stephen Harper a également évoqué «l'exclusion complète» de la Russie du G8.

Les Communes ont adopté quant à elles une motion condamnant «l'intervention provocatrice de la Russie en Ukraine» et l'exhortant «à respecter l'intégrité territoriale ainsi que la souveraineté de l'Ukraine».

S'il salue les actions posées par le Canada jusqu'à présent, l'ambassadeur Vadym Prystaiko ne croit pas toutefois que le Canada devrait s'engager dans une guerre diplomatique avec la Russie. Il doute par exemple que l'expulsion de l'ambassadeur russe au Canada ait des répercussions sur l'évolution de la crise.

«Je ne crois pas que ça aiderait de ne pas avoir d'ambassade à qui parler», a-t-il noté en point de presse.

Il a toutefois eu des mots durs pour son homologue russe, qui l'a visité avant l'intervention russe pour signer le livre de condoléances pour les Ukrainiens tués lors des soulèvements, mais qui a ensuite appelé au retour du premier ministre ukrainien déchu, Viktor Ianoukovitch.

«Hypocrisie. Hypocrisie. Comment pouvez-vous venir et signer un livre de condoléances pour des gens tués, et le lendemain, prôner que cette même personne soit remise au pouvoir comme leader de ces mêmes gens», a-t-il demandé.

Le drapeau de l'Ukraine a flotté sur la Colline du Parlement mardi, pour témoigner de la solidarité du Canada envers sa population.