Le président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch a demandé à Vladimir Poutine une aide militaire «pour défendre la population ukrainienne», a assuré lundi l'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine.

Il s'exprimait lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur la crise en Ukraine qui a tourné une nouvelle fois au dialogue de sourds entre Moscou et les Occidentaux. M. Tchourkine a cité un «message» au président russe dans lequel M. Ianoukovitch affirme que «l'Ukraine est au bord de la guerre civile à la suite des événements intervenus à Kiev».

«Des vies sont menacées (...) des gens persécutés», souligne le message. L'ex-président ukrainien y «demande l'utilisation des forces armées de la Fédération de Russie pour protéger la population ukrainienne».

Selon Moscou, M. Ianoukovitch, réfugié en Russie, est toujours le président légitime de l'Ukraine.

L'intervention russe en Crimée a pour objectif de «défendre nos compatriotes et nos citoyens», a  déclaré l'ambassadeur russe, répétant la position de Moscou. Il a accusé «les vainqueurs (à Kiev) de piétiner les droits fondamentaux» des minorités pro-russes et de «menacer nos compatriotes et la flotte de la Mer noire», concluant: «les actions de la Russie sont légitimes».

Tour à tour, l'ambassadrice américaine Samantha Power et ses homologues britannique, Mark Lyall Grant, et français, Gérard Araud, ont réfuté les arguments russes.

L'initiative russe en Crimée «n'est pas une mission de protection des droits de l'homme mais une violation des lois internationales et de la souveraineté de l'Ukraine», a affirmé Mme Power. «C'est un acte d'agression et il doit cesser».

«Il n'y a aucune preuve de violences contre les communautés russes ou pro-russes» en Ukraine, a-t-elle martelé. «La Russie réagit à une menace imaginaire». Pour les États-Unis, a-t-elle ajouté, les autorités de Kiev «ne sont pas un gouvernement de vainqueurs mais un gouvernement du peuple».

S'adressant au Conseil, l'ambassadeur ukrainien Iouri Sergueyev a souligné que les forces armées ukrainiennes «avaient fait preuve de retenue jusqu'à maintenant». Mais il a mis en garde contre le risque de «provocations» qui pourraient être utilisées par l'armée russe pour attaquer l'Ukraine. Il a demandé au Conseil «d'autoriser une médiation internationale» dans cette crise.

L'ambassadeur français Gérard Araud s'est déclaré «déçu par cette réunion qui ne nous a rien apporté de nouveau». «Nous avons eu l'impression d'être ramenés 50 ans en arrière», c'est-à-dire au plus fort de la Guerre froide. Mais, a-t-il ajouté devant la presse, «en 2014 on ne peut pas se comporter comme en 1968» quand l'Union soviétique envahissait la Tchécoslovaquie.

Interrogé sur la missive de Viktor Ianoukovitch à Vladimir Poutine, il a répondu: «la lettre n'est pas un faux, c'est le président (Ianoukovitch) qui est un imposteur».

La Russie, qui avait demandé cette réunion du Conseil, n'a proposé «aucune ouverture qui permettrait de faire baisser la tension», a déploré l'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant.