L'OTAN a demandé dimanche le déploiement d'observateurs internationaux en Ukraine pour résoudre la crise pacifiquement et appelé la Russie à retirer ses troupes, tout en maintenant la porte ouverte au dialogue avec Moscou.

«Nous appelons les deux parties à rechercher immédiatement une solution pacifique par le dialogue, et le déploiement d'observateurs internationaux, sous les auspices du Conseil de sécurité des Nations unies ou de l'OSCE» (Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe), a déclaré le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen.

Il s'exprimait à l'issue de près de huit heures d'une réunion d'urgence des 28 ambassadeurs de l'Alliance atlantique, dont une partie s'est tenue en présence du représentant de l'Ukraine, pays avec lequel l'OTAN a signé un partenariat.

«Nous condamnons l'escalade militaire russe en Crimée», a dit M. Rasmussen, avant d'appeler la Russie «à respecter ses engagements internationaux, à replier ses forces dans ses bases, et à ne pas interférer ailleurs en Ukraine», une ancienne république soviétique.

L'OTAN est donc restée sur le terrain politique, souhaitant même maintenir le dialogue avec Moscou à travers leur outil de coopération, le Conseil OTAN-Russie, dont plusieurs pays membres ont demandé une réunion prochaine.

Le représentant de l'Ukraine, Igor Dolgov, a noté que les appels à la Russie n'avaient «pas beaucoup aidé jusqu'à présent». «Je pense qu'il s'agit du début» de mesures qui «pourraient aider à la désescalade et à un processus politique», a-t-il espéré.

Parallèlement, l'Allemagne a annoncé que le président russe, Vladimir Poutine, avait accepté une proposition de la chancelière Angela Merkel de création d'une «mission d'enquête» et d'un «groupe de contact» pour entamer «un dialogue politique» sur l'Ukraine.

Pour un diplomate européen, il faut tenter de sortir du «tête à tête» entre l'UE et la Russie, qui a des relents de guerre froide, et élargir le cercle par le biais d'une organisation multilatérale, voire d'un pays tiers comme la Chine. «Nous devons parler à Poutine, qui a ses raisons pour ses mauvaises actions», a-t-il estimé.

Parler directement

En 2008, malgré leur mobilisation, les Occidentaux n'avaient pu empêcher la Russie de mener une guerre éclair en Géorgie avant qu'elle ne reconnaisse l'indépendance de deux régions géorgiennes pro-russes, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie.

Les États-Unis, qui semblent sur une ligne plus dure, ont averti la Russie qu'elle risquait d'être exclue du G8, dont le prochain sommet doit se tenir en juin à Sotchi. Vladimir Poutine «pourrait ne pas avoir de G8 à Sotchi, il pourrait même ne pas rester au sein du G8 si cela continue», a prévenu le secrétaire d'État américain, John Kerry, en menaçant Moscou de «sanctions» et «d'isolement économique».

La France et le Royaume-Uni ont suspendu leur participation aux préparatifs de ce G8. «Nous souhaitons d'un ami traditionnel autre chose qu'un bruit de bottes», a lancé le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

Mais l'UE est divisée. «Le format du G8 est le seul format où nous, les Occidentaux, nous parlons directement avec la Russie et devrions nous vraiment sacrifier ce seul format?», a demandé le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.

La réunion de l'OTAN entrait dans le cadre d'une intense activité diplomatique pour tenter de dissuader la Russie d'intervenir en Ukraine, alors qu'elle a déjà déployé des forces en Crimée.

Lundi, ce sera au tour des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne de se retrouver à Bruxelles, pour leur deuxième réunion d'urgence sur l'Ukraine en dix jours.

Un sommet européen des chefs d'État et de gouvernement est même envisagé mercredi, a-t-on appris de sources européennes.

Pour Jan Techau, de Carnegie Europe, il est peu probable que la réunion de lundi débouche sur des décisions dures. Selon lui, il n'y a «pas d'unité» au sein des Européens, qui disposent en outre de «peu d'outils».