Dans son enquête sur le carnage qui a fait 77 morts en Norvège au mois de juillet, la police a sollicité l'assistance de la justice française et de Facebook afin de mieux cerner la personnalité de son auteur Anders Behring Breivik.

Près de sept mois après les pires attaques commises dans le pays depuis la Deuxième Guerre mondiale, les enquêteurs souhaitent toujours entendre le père de l'extrémiste de droite, Jens Breivik, un ancien diplomate qui a pris sa retraite en France.

«Nous avons envoyé une demande d'entraide judiciaire et nous espérons pouvoir l'auditionner avant le début du procès» le 16 avril, a déclaré mardi le procureur de la police Paal-Fredrik Hjort Kraby dans un entretien téléphonique avec l'AFP.

«Il ne veut pas venir en Norvège ni se rendre à l'ambassade ou dans un consulat où nous pourrions l'interroger et nous avons donc dû solliciter l'assistance des autorités françaises», a-t-il dit.

Les enquêteurs souhaitent donc que le septuagénaire puisse être entendu, en leur présence, par la police française.

«Le père n'a pas vu le suspect depuis plusieurs années, il n'a pas vécu avec lui depuis l'âge d'un an et il est donc périphérique, mais il est tout de même important pour comprendre le personnage», a expliqué M. Hjort Kraby.

Après la séparation de ses parents peu après sa naissance, Behring Breivik a grandi avec sa mère et sa demi-soeur qui ont, elles, déjà été entendues par la police.

Aujourd'hui âgé de 33 ans, l'extrémiste dit ne plus avoir vu son père depuis l'adolescence, celui-ci ayant prétendument rompu les liens après une affaire de graffitis impliquant son fils.

Dans un entretien avec la chaîne TV2 trois jours après les attaques, l'ancien diplomate avait confié qu'à ses yeux, Anders Behring Breivik aurait dû se suicider plutôt que de tuer 77 innocents.

«Je pense que ce qu'il aurait dû finir par faire, c'était de se donner la mort plutôt que de tuer tant de personnes», avait-il dit depuis sa villa de Cournanel dans le sud de la France.

Dans le cadre d'une autre requête d'entraide judiciaire adressée aux États-Unis cette fois-ci, les enquêteurs ont demandé à Facebook de leur fournir les informations sur les comptes ouverts par Anders Behring Breivik et supprimés depuis.

«Ils sont normalement très restrictifs quand il s'agit de fournir ce genre d'informations et ils ne le font qu'à titre exceptionnel. Mais nous avons reçu des signaux comme quoi ils veulent bien nous aider», a déclaré M. Hjort Kraby.

«Là aussi, il s'agit de cartographier les contacts qu'il a eus, avec qui il a dialogué et qui étaient ses amis», a-t-il ajouté.

Le porte-parole du site communautaire en Europe du Nord, Jan Fredriksson, a de son côté indiqué que «cette affaire est gérée de manière très prudente par Facebook conformément à toutes les règles et régulations» liées au respect de la loi et de la confidentialité.

Behring Breivik, qui se dit en guerre contre le multiculturalisme et «l'invasion musulmane» en Europe, a vraisemblablement planifié et exécuté les attaques seul, selon la police.

Le 22 juillet, déguisé en policier, il avait fait feu pendant plus d'une heure sur un rassemblement de jeunes travaillistes sur l'île d'Utoya, près d'Oslo, après avoir fait exploser une bombe près du siège du gouvernement norvégien.

Selon M. Hjort Kraby, la police veut aussi interroger une Bélarusse vivant aux États unis et avec qui Behring Breivik aurait eu une brève relation dans le passé.

«Cette affaire est si énorme, elle a touché tant de gens et elle a tellement secoué la Norvège que l'on doit s'efforcer de retourner chaque pierre susceptible de fournir des réponses sur les faits incriminés, mais aussi sur les raisons pour lesquelles ils se sont produits», a souligné le procureur.