Anders Behring Breivik, qui a avoué être l'auteur du massacre et de l'attentat ayant fait 77 morts le 22 juillet dernier en Norvège, restera en prison jusqu'au 6 février dans l'attente de son procès pour terrorisme.

La décision a été prise par un juge d'Oslo lundi, à l'issue d'une audience publique où des rescapés d'Utoya ont pu revoir l'extrémiste pour la première fois depuis la tuerie dans l'île.

Le Norvégien de 32 ans, qui a comparu en costume sombre, plaide non coupable de terrorisme au motif qu'il défendrait l'Europe contre une «invasion» musulmane et le multiculturalisme. Il risque jusqu'à 21 ans de prison mais pourrait rester derrière les barreaux tant qu'il est considéré comme un danger public.

Le procès devrait s'ouvrir le 16 avril et durer une dizaine de semaines, selon Geir Engebretsen, porte-parole du tribunal d'Oslo, qui a précisé qu'une nouvelle salle de 200 places serait construite pour l'occasion. Au moins une autre audience concernant la détention du suspect est prévue avant sa mise en accusation officielle.

Si le tribunal a prolongé la détention de Breivik de 12 semaines, comme le demandaient les procureurs, il a en revanche décidé de lever progressivement les restrictions en matière d'accès aux médias, à compter du 12 décembre, et de droit de visite et de courrier, à compter du 9 janvier. L'intéressé a qualifié de «torture irrationnelle» sa détention provisoire dans une prison d'Oslo.

«Je suis un commandant militaire du mouvement de résistance norvégien», a déclaré Anders Breivik avant que le juge ne l'interrompe en lui demandant de s'en tenir au sujet. Le magistrat lui a également refusé de s'adresser aux rescapés et familles des victimes à la fin de l'audience. Les précédentes s'étaient tenues à huis clos, sans public ni journalistes.

«Je l'ai trouvé froid et inhumain», a confié Tim Viskjer, rescapé du massacre par balles de l'île d'Utoya. Il a suivi l'audience sur un écran vidéo, dans une autre salle du tribunal. «C'était perturbant mais, pour moi, j'ai avancé un peu en ayant vu et entendu le suspect», a-t-il ajouté, interrogé par le réseau de radiotélévision norvégien NRK.

L'avocat d'Anders Breivik, Me Geir Lippestad, a déclaré à la presse que son client ne reconnaissait pas l'autorité du tribunal et demandait sa libération.

Les enquêteurs affirment que Breivik a fait exploser une bombe fabriquée avec de l'engrais devant le siège du gouvernement à Oslo le 22 juillet, faisant huit morts, avant de se rendre sur l'île d'Utoya où se tenait un camp de jeunesse du Parti travailliste au pouvoir et, déguisé en policier, d'y tuer par balles 69 personnes, dont de nombreux jeunes. Il s'est rendu à la police lorsque celle-ci a fini par arriver sur place et est incarcéré depuis.

Dans un manifeste qu'il avait publié sur Internet avant de se livrer au massacre, Breivik exposait son projet de révolution en plusieurs étapes et s'en prenait aux élites politiques de gauche qu'il accusait de détruire leur propre société en laissant entrer de nombreux immigrés, en particulier des musulmans.

La Norvège a été profondément choquée par le massacre et les attentats du 22 juillet, que même les groupes et blogueurs islamophobes amplement cités par Breivik dans son manifeste ont condamnés.

Les enquêteurs affirment pour leur part n'avoir trouvé aucun élément confirmant l'appartenance revendiquée du suspect à un réseau de «croisés» modernes ou l'existence de deux autres cellules prêtes à frapper. Selon le procureur de la police, Paal-Fredrik Hjort Kraby, l'hypothèse de complices ne peut être exclue mais Breivik a le plus probablement préparé et perpétré les attentats tout seul.