Survivants, proches des victimes, représentants des services de secours en uniforme et un roi au bord des larmes ont rendu hommage dimanche à Oslo aux victimes mortes le mois dernier dans la pire tuerie jamais commise en Norvège en temps de paix.

Dans une capitale norvégienne aux drapeaux en berne, quelque 6700 personnes ont assisté à une cérémonie empreinte d'émotion réunissant certains des plus grands artistes du pays.

«Ceux qui recourent à la violence, nous les combattrons avec toutes les armes de la démocratie. Partout, ils nous trouveront face à eux», a déclaré le premier ministre Jens Stoltenberg dans la salle de concert Spektrum illuminée de bougies et de lampions.

Dans un message se voulant rassembleur, le premier ministre a loué la réaction d'«ouverture» et de «tolérance» de ses concitoyens et les a appelés à maintenir la cohésion nationale qui a suivi les attaques.

«Où que vous viviez, quel que soit le Dieu pour lequel vous priez, chacun peut prendre une part de responsabilités, chacun peut veiller sur la liberté», a-t-il dit.

«Ensemble, nous forgeons des liens inaltérables d'empathie, de démocratie et de sécurité. C'est notre rempart contre la violence», a-t-il conclu, s'attirant de longs applaudissements.

Au milieu des morceaux musicaux interprétés notamment par le célèbre groupe pop A-ha, spécialement reformé pour l'occasion, des acteurs norvégiens ont lu à haute voix les noms des 77 victimes, des jeunes pour la plupart, déclenchant des sanglots dans l'assistance.

Se disant en guerre contre l'islam et le multiculturalisme, Anders Behring Breivik, 32 ans, a, le 22 juillet, fait exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo puis ouvert le feu sur des centaines de jeunes travaillistes réunis en camp d'été sur l'île d'Utoeya, à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale.

Comme un rejet de ses thèses, la cérémonie de dimanche était dirigée par Haddy N'jie, une artiste née d'un père gambien et d'une mère norvégienne, et a été l'occasion de diffuser des messages d'amour et de paix de dirigeants de toutes les confessions.

«Plus jamais de 22 juillet 2011. Plus jamais de haine», a écrit Adrian Pracon, un des survivants de la fusillade, sur Twitter pendant la cérémonie.

«Maintenant, j'apprécie beaucoup plus de choses», a déclaré une autre rescapée, Prableen Kaur, dans un message préenregistré. «Ça peut être d'aller attendre l'autobus, de se savoir en vie, d'être dans l'autobus et de sentir qu'il roule», a-t-elle dit.

Parmi les personnalités étrangères présentes à Oslo figuraient, tout de noir vêtus, les présidents islandais Olafur Ragnar Grimsson et finlandais Tarja Halonen, tous les chefs de gouvernement des pays nordiques, la princesse héritière Victoria de Suède et le prince Fredrik de Danemark.

«Presque tous les mots ont maintenant été prononcés. Les dernières semaines ont été difficiles pour nous tous, mais cela fait du bien d'être réunis aujourd'hui», a déclaré le roi Harald V de Norvège, s'efforçant de contenir ses larmes.

Vendredi et samedi, pour la première fois depuis le drame, survivants et proches des victimes de la fusillade d'Utoeya ont pu visiter l'île où 69 personnes ont péri sous les balles de l'extrémiste.

En détention provisoire dans une prison de haute sécurité proche d'Oslo, Behring Breivik a reconnu être l'auteur des attaques tout en refusant d'en endosser la responsabilité pénale, estimant son geste «atroce, mais nécessaire».

Vendredi, le tribunal d'Oslo a prolongé d'un mois son placement en isolement total, un traitement que le tueur a qualifié de «torture sadique».