Quelque 500 proches des victimes de la fusillade d'Utoeya ont visité l'île du drame, dans le sud-est de la Norvège, vendredi pour se recueillir à l'endroit où 69 personnes, des adolescents pour la plupart, ont péri il y a tout juste quatre semaines.

Le même jour à Oslo, Anders Behring Breivik, l'extrémiste qui a reconnu être l'auteur des attaques du 22 juillet, a comparu pour la deuxième fois depuis son arrestation devant un juge qui devait se prononcer sur le prolongement pour quatre semaines de son placement en isolement total.

La décision était attendue à 15h (9h, heure de Montréal).

«Être confiné seul dans une petite cellule est difficile», a déclaré Geir Lippestad, l'avocat de Behring Breivik, à la presse.

Sous une pluie fine, familles et amis des victimes ont, pour la première fois depuis le drame, visité Utoeya, une petite île en forme de coeur à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest d'Oslo.

«Paradis devenu un enfer» selon l'expression du Premier ministre Jens Stoltenberg, l'île de 0,12 km2 a été nettoyée des centaines de douilles qui la jonchaient depuis que Behring Breivik, un extrémiste hostile à l'islam et au multiculturalisme, a ouvert le feu sur des centaines de jeunes.

Avant de se rendre sur Utoeya, la mère d'Andrine, jeune fille de 16 ans fauchée par Anders Behring Breivik, a dit s'attendre à une journée «difficile».

«Mais les dernières semaines ont déjà été si difficiles que ça ne peut pas être pire», a-t-elle déclaré, avant la visite, à la radio publique NRK.

«On va pouvoir voir le tout dernier endroit où Andrine se trouvait. On va y déposer des fleurs et brûler un cierge», a-t-elle dit.

La plupart des victimes de l'extrémiste étaient des adolescents, dont le plus jeune était âgé de tout juste 14 ans.

Les dernières obsèques, celles d'Élisabeth Troennes Lie, 16 ans, ont eu lieu jeudi, une date tardive qui s'explique par le souhait de la famille que la soeur de la victime, Cathrine, 17 ans, elle-même gravement blessée dans la fusillade, puisse y assister.

Sur l'île d'Utoeya fermée à la presse, la Sécurité civile norvégienne qui organisait la visite a mis en place un dispositif de soutien comprenant des psychologues, des pasteurs, des imams, mais aussi des policiers susceptibles d'aider les familles et de répondre à leurs questions, même les plus délicates.

«Si elles le souhaitent, les familles pourront demander à la police qu'elle leur montre l'endroit où le corps de leur proche a été retrouvé», a expliqué à l'AFP Per Kristen Brekke, un haut responsable de la Sécurité civile.

«Nous avons tout fait pour entourer cette visite de la sécurité et de la dignité nécessaires: nous faisons en sorte que cela soit calme et paisible», a-t-il déclaré.

Pour Lars Weisaeth, professeur au Centre d'études de la violence et du stress post-traumatique, une visite sur les lieux du crime est une étape essentielle pour les familles.

«Le plus important, c'est d'essayer de comprendre l'incompréhensible», a-t-il dit à l'AFP, soulignant que la même question tourmente bon nombre de parents: "Mon fils ou ma fille ont-ils souffert?" L'expérience montre qu'on supporte davantage la réalité, aussi brutale soit-elle, que les incertitudes».

«C'est aussi un geste de solidarité avec le disparu. Se mettre dans la situation où il se trouvait lors de ses derniers instants, c'est se rapprocher de lui», a-t-il ajouté.

Samedi, ce sera au tour des survivants de la fusillade et de leurs proches, soit un millier de personnes au total, de se rendre sur Utoeya.