Des employés du ministère norvégien de la Justice étaient toujours portés disparus mardi, après les attaques qui ont fait au moins 76 morts en Norvège, selon le ministre de la Justice, qui a par ailleurs pris la défense de la police, critiquée pour sa gestion de la crise. De son côté, l'avocat d'Anders Breivik a estimé que son client, qui a reconnu être l'auteur des faits, était «fou».

Ce Norvégien de 32 ans a avoué avoir commis l'attentat à la bombe d'Oslo et la fusillade dans l'île d'Utoya vendredi. Lundi, le juge du tribunal d'Oslo a ordonné son placement en détention provisoire pour huit semaines, dont quatre à l'isolement total.

Quatre jours après les attaques, le bilan n'était toujours pas définitif. «Le ministère de la Justice a des gens qui sont portés disparus, nous avons des gens qui sont très durement frappés par ça et nous n'avons plus de bureaux», a affirmé mardi le ministre de la Justice, Knut Storberget, dont les locaux ont été en partie détruits par l'attentat à la bombe commis dans le quartier du siège du gouvernement.

M. Storberget a par ailleurs pris la défense de la police qui est la cible de nombreuses critiques.

La police, qui a reconnu qu'il lui avait fallu 90 minutes pour se rendre sur l'île d'Utoya, a affirmé qu'elle n'avait pas pu envoyer un hélicoptère parce que toutes les personnes susceptibles de le piloter étaient en vacances. Et des victimes qui ont appelé les services d'urgence depuis l'île pendant le massacre disent avoir été priées de ne pas encombrer la ligne en raison de l'attentat d'Oslo.

«Je pense que la police a bien réagi à cette situation. Je pense aussi qu'ils ont particulièrement bien réagi concernant les points sur lesquels il y a eu des critiques», a déclaré Knut Storberget.

Interrogé sur l'éventualité pour la police d'ouvrir une enquête sur son propre comportement dans cette affaire, il a affirmé qu'on en parlerait plus tard. «Il est très important qu'on ait une discussion ouverte et critique sur la manière dont toutes les franges de la société gèrent une situation (...) Mais il y a un temps pour tout, et nous nous sommes totalement concentrés, et nous continuons à nous concentrer sur les soins à apporter à tous ceux qui ont été affectés», a-t-il souligné.

L'avocat d'Anders Breivik a pour sa part affirmé mardi que son client était «fou» tout en précisant qu'il était trop tôt pour dire si cela constituerait sa ligne de défense. Selon Geir Lippestad, Breivik ne connaît pas le bilan des victimes et n'a pas conscience de la réaction de l'opinion norvégienne, mais estime que l'«opération» s'est déroulée comme prévu.

Il a demandé combien de personnes il avait tuées, précise l'avocat dans un entretien à l'Associated Press. «Toute cette affaire montre qu'il est fou», avait-il dit auparavant lors d'une conférence de presse. Deux experts psychiatres évalueront sa santé mentale, a souligné l'avocat.

Breivik s'attend à ce que la double attaque marque «le début d'une guerre qui durera au moins 60 ans», a expliqué Me Lippestad. «Il se considère comme un guerrier. Il a commencé cette guerre et il en tire une certaine fierté.» Breivik dit appartenir à une organisation antimusulmane qui compte plusieurs cellules en Occident, dont deux en Norvège, selon son avocat, qui précise que sa famille n'a pas demandé à le voir.

La justice devra décider si Breivik doit être condamné à la prison ou à un internement psychiatrique, mais il ne sera jamais libéré, a également déclaré Me Lippestad à l'AP. «La question n'est pas de savoir s'il sera ou non libéré. Il a reconnu les faits, donc cela va sans dire.»

Me Lippestad déclare également que Breivik n'a pas donné d'instructions sur sa défense et qu'il n'acceptera pas de toute façon que son client lui dicte la stratégie à tenir. L'avocat a confirmé être membre du Parti travailliste, ajoutant qu'il ne savait pas si Breivik était au courant, ni les raisons pour lesquelles le suspect l'avait choisi. Il a aussi confié avoir réfléchi avant d'accepter de le défendre. «Ma première réaction a été que c'était trop difficile», mais «quelqu'un doit faire ce travail», s'est-il justifié.

La police a annoncé mardi qu'elle dévoilerait en fin de journée certains des noms des 76 victimes tuées dans les attaques, précisant que des personnes étaient toujours portées disparues sur les deux sites. Elle a revu son bilan à la baisse lundi, apparemment parce que 18 corps avaient été comptés deux fois dans la confusion suivant le massacre sur l'île. Le bilan d'Utoya a été ramené à 68 morts au lieu de 86 tandis que celui d'Oslo passait de sept morts à huit.