Robert Spencer et Pamela Geller n'ont pas l'habitude de faire dans la nuance. Quand des terroristes musulmans frappent, ils n'hésitent pas à blâmer l'islam, dont les adeptes n'auraient qu'une seule mission, selon eux: imposer par la force la loi d'Allah dans le monde entier.

Grâce à leurs livres et à leurs sites internet, Spencer et Geller sont devenus deux des figures américaines les plus en vue d'un combat contre le «djihad mondial» et l'«islamisation» de l'Occident qui confine souvent à l'islamophobie. De toute évidence, ils ont influencé la pensée d'Anders Behring Breivik, qui cite leurs écrits à plusieurs reprises dans le long manifeste qu'il a publié vendredi sur l'internet.

Mais Spencer et Geller nient toute responsabilité dans le carnage en Norvège.

«Si j'ai été de fait une source d'inspiration pour son manifeste, je me sens comme les Beatles ont dû se sentir quand ils ont appris que Charles Manson avait commis des meurtres après avoir été inspiré par les messages qu'il croyait avoir entendus dans les paroles de leur chanson [Helter Skelter]», a écrit Spencer sur son site, jihadwatch.org.

Auteur de plusieurs livres critiques sur l'islam, Spencer est cité 46 fois dans le manifeste de Behring Breivik. On peut notamment y lire ce passage: «L'islam est une religion et un système de croyances qui appelle à la guerre contre les non-croyants dans le but d'établir un modèle social absolument incompatible avec la société occidentale. Les Américains doivent savoir cela, les Européens doivent savoir cela, car les musulmans arrivent dans les pays occidentaux avec l'intention de mettre en pratique ces croyances.»

Geller, dont le blogue Atlas Shrugs est également cité à plusieurs reprises dans le manifeste de Breivik, a également rejeté toute responsabilité: «Si quelqu'un l'a incité à la violence, ce sont les islamistes suprémacistes», a-t-elle écrit sur son blogue.

Spencer et Geller, faut-il le préciser, voient des «islamistes suprémacistes» partout. Ils ont combattu avec la même véhémence le projet de construction d'un centre culturel islamique et d'une mosquée près de Ground Zero à New York et la mise en marché de produits halal par Campbell Canada.

Leurs détracteurs américains ne sont pas prêts à les absoudre. «Si l'on suit la logique tordue de leurs écrits, le sort même de la civilisation est en péril», dit Charles Johnson, fondateur du site Little Green Footballs. «C'est un point de vue apocalyptique, une vision d'une guerre existentielle contre une horde d'envahisseurs à la peau sombre.»

D'autres critiques américains de l'islam ont influencé Behring Breivik, dont Richard Pipes et les rédacteurs du blogue The Gates of Vienna. Le Norvégien a également publié dans son manifeste de grands pans du manifeste du terroriste américain Theodore Kaczynski, dit Unabomber, La société industrielle et son avenir, où il a remplacé le terme «gauchiste» par «marxiste», «culture marxiste» ou «multiculturalisme».