Des policiers français et norvégiens ont entendu le père d'Anders Behring Breivik, établi dans le sud de la France, pendant quelque 13 heures dans le cadre de leur enquête sur l'extrémiste de droite qui a tué 77 personnes l'an dernier en Norvège, a indiqué jeudi un enquêteur norvégien.    

«Ça a été un long interrogatoire, d'environ 13 heures, qui a été conduit par la police française, mais au cours duquel nous avons pu poser des questions complémentaires», a déclaré à l'AFP l'enquêteur Christian Hatlo.

Le mois dernier, la police norvégienne avait annoncé avoir déposé une demande d'entraide judiciaire pour pouvoir entendre Jens Breivik, un ancien diplomate qui a pris sa retraite dans le village français de Cournanel.

Leur demande a abouti: l'audition du septuagénaire s'est tenue mercredi à Carcassonne en présence d'un interprète.

«Il a répondu essentiellement à des questions portant sur l'enfance de l'accusé et sur leurs relations», a précisé M. Hatlo.

Aujourd'hui âgé de 33 ans, Behring Breivik dit ne plus avoir vu son père depuis l'adolescence, celui-ci ayant prétendument rompu les liens après une affaire de graffitis impliquant son fils.

Après la séparation de ses parents peu après sa naissance, Behring Breivik a grandi avec sa mère et sa demi-soeur qui ont, elles aussi, déjà été entendues par les enquêteurs.

Sollicité par l'AFP, Jens Breivik s'est refusé à tout commentaire.

Dans un entretien avec la chaîne TV2 le 25 juillet 2011, trois jours après les attaques, l'ancien diplomate avait confié qu'à ses yeux, Anders Behring Breivik aurait dû se suicider plutôt que de tuer 77 innocents.

«Je pense que ce qu'il aurait dû finir par faire, c'était de se donner la mort plutôt que de tuer tant de personnes», avait-il dit.

Mercredi, Behring Breivik a été formellement accusé d'«actes de terrorisme» pour avoir fait exploser une bombe près du siège du gouvernement norvégien puis pour avoir fait feu pendant plus d'une heure sur des centaines de jeunes travaillistes réunis en camp d'été sur l'île d'Utoya, près d'Oslo.

Les deux attaques, qui ont fait au total 77 morts dont une majorité d'adolescents, constituent le pire massacre commis sur le sol norvégien depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le Parquet norvégien a indiqué qu'à moins que de nouveaux éléments n'émergent, il comptait demander l'internement psychiatrique plutôt qu'une peine de prison pour l'extrémiste, déclaré pénalement irresponsable l'an dernier par deux experts-psychiatres officiels.

Une deuxième expertise psychiatrique est en cours. Ses résultats sont attendus le 10 avril, juste avant l'ouverture du procès de Behring Breivik le 16.