Une femme paniquée, une enseignante blessée, des policiers au calme impressionnant: les enregistrements des appels à la police lors du massacre des écoliers de Sandy Hook ont été diffusés mercredi, plongée douloureuse dans un fait divers qui a traumatisé l'Amérique.

Ces appels téléphoniques témoignent de la peur mais aussi du calme dans l'école, et du professionnalisme des policiers répondant au téléphone qui ne cesse de sonner.

«Ecole de Sandy Hook, je pense qu'il y a quelqu'un qui tire ici!», déclare une femme très inquiète, qui peine à respirer, expliquant qu'elle a vu quelqu'un et que les gens courent dans le hall d'entrée. «École Sandy Hook», implore-t-elle, en affirmant que les tirs continuent.

«Ca continue», affirme aussi un agent d'entretien, Rick Thorne, au téléphone. Un policier lui demande de se mettre à couvert.  «Que se passe-t-il avec les enfants?», demande le policier. «Ca continue. Je continue à entendre des coups de feu», répond l'agent «S'il vous plaît!».

Sur l'un des enregistrements, on entend des coups de feu. Dans un autre, une enseignante blessée au pied, qui remarque calmement qu'elle doit aller fermer sa classe.

«Ca va? (...) Nous avons des gens qui arrivent» lui déclare une policière.

«Faites que tout le monde reste calme, baissé, éloignez-les des fenêtres» conseille également la policière.

Le 14 décembre 2012, une jeune déséquilibré de 20 ans, Adam Lanza, avait tué à l'arme semi-automatique 20 enfants dans deux classes et six adultes, après avoir forcé son entrée dans l'école primaire de Sandy Hook, dans la petite ville tranquille de Newtown, au Connecticut.

Le premier coup de téléphone à la police, depuis l'école, avait été passé à 09h35. La police y était arrivée à 09h39. A 09h40, Adam Lanza, avait mis fin à ses jours avec un revolver -l'une des trois armes qu'il portait sur lui - quatre minutes avant que la police ne pénètre dans le bâtiment.

La police et le procureur local en charge de l'enquête, Stephen Sedensky, ont longtemps refusé de diffuser les enregistrements des appels à la police, particulièrement éprouvants pour les familles.

L'agence de presse américaine AP les avait réclamés, dès le jour du massacre, et à plusieurs reprises ensuite, au nom de la liberté d'informer.

Les médias américains très prudents

Elle a obtenu gain de cause, et un juge local, Eliot Prescott, a fin novembre décidé que les enregistrements devraient être rendus publics le 4 décembre.

Les médias américains les ont traités mercredi avec une extrême prudence. Certaines chaînes de télévision ont annoncé qu'elles ne les diffuseraient pas, notamment la chaîne locale de NBC dans le Connecticut.

«NBC Connecticut a décidé de ne pas diffuser les appels et de ne pas les publier sur internet», a indiqué la chaîne.

La plupart des familles y étaient opposées. Cristina Hassinger, la fille de la directrice tuée, Dawn Hochspring, était l'une des rares à y être favorable. «Je préfère avoir le plus d'informations possible sur ce qui s'est passé ce jour là» a-t-elle indiqué au Connectictut Post.

La diffusion de ces enregistrements intervient à dix jours du premier anniversaire de la tragédie, et quelque jours après la publication du rapport d'enquête qui a conclu qu'Adam Lanza - qui avait le même jour tué sa mère- avait agi seul, pour des raisons toujours inexpliquées.

La tuerie, à deux semaines de Noël, avait traumatisé les États-Unis et relancé le débat sur les armes à feu.

Une poignée d'États ont depuis durci leur législation, mais la grande réforme voulue par le président Obama au niveau national s'est fracassée en avril sur un refus du Sénat.