La Maison-Blanche a indiqué lundi ne pas encore avoir de «programme particulier» à annoncer pour lutter contre la violence due aux armes à feu, au lendemain d'un appel du président Barack Obama à mettre fin aux «tragédies» comme la tuerie de Newtown vendredi.

Reprenant les mots de M. Obama dimanche devant les proches des 26 personnes, dont 20 enfants, tuées vendredi dans une école primaire de cette petite ville du Connecticut, son porte-parole Jay Carney a promis que le président solliciterait ses compatriotes «dans les semaines à venir» sur les moyens de réduire la violence.

Mais «je n'ai pas une gamme de propositions à vous présenter. Le président a évoqué hier du mouvement dans les semaines à venir», a ajouté M. Carney lors de son point de presse quotidien.

«Je n'ai pas de programme particulier à vous annoncer aujourd'hui», a insisté le porte-parole, tout en rappelant que M. Obama souhaitait voir à nouveau entrer en vigueur l'interdiction des armes d'assaut, qui a expiré en 2004 faute d'accord du Congrès de l'époque, et dont la réintroduction a été évoquée depuis vendredi par des élus démocrates.

Un président timide sur la question des armes



Avant de décrocher un second mandat de quatre ans, le 6 novembre, le président des États-Unis avait fait preuve d'une grande timidité sur cette question, malgré sa promesse de mettre en oeuvre des mesures «de bon sens» après la tuerie d'Aurora l'été dernier ou celle de Tucson, au début 2011.

Dimanche à Newtown, où il a égrené les noms des 20 enfants massacrés par un assaillant dans leur école avec six femmes membres de l'encadrement, il a estimé que ces tragédies devaient «prendre fin». «Et pour y mettre fin, nous devons changer», a-t-il lancé, en promettant d'utiliser «tous les pouvoirs» de sa fonction afin «d'éviter d'autres tragédies comme celle-ci».

M. Obama n'est pas entré dans les détails et n'a même pas prononcé le mot «armes». Mais son discours évoquait de toute évidence le débat sur le contrôle des armes, un dossier auquel nombre d'élus démocrates ont renoncé à s'attaquer.



Pétition sur le contrôle des armes


Le droit de s'armer, inscrit dans la Constitution, est âprement défendu par des groupes de pression et la quasi-totalité des républicains. Les tribunaux ont en outre entériné une interprétation large du fameux «deuxième amendement».

Depuis vendredi, des responsables ont appelé à l'action sur ce dossier, comme le maire de New York, Michael Bloomberg, et la représentante démocrate Carolyn McCarthy. L'influente sénatrice démocrate Dianne Feinstein a promis un projet de loi pour réinstaurer l'interdiction des «armes d'assaut», qui avait expiré en 2004 faute d'action du Congrès.

L'assaillant de Newtown était notamment armé d'un AR-15, version civile des fusils d'assaut de l'armée américaine, tout comme le jeune homme qui a tué 12 personnes dans un cinéma d'Aurora. L'achat des chargeurs de grande capacité qu'ils avaient utilisés était illégal avant 2004.

Signe peut-être d'un timide changement de mentalité, le sénateur démocrate de Virginie-Occidentale Joe Manchin, pourtant défenseur acharné du deuxième amendement, a appelé lundi sur la chaîne MSNBC à un débat «sensé et raisonnable» sur le contrôle des armes.

Et même si le chiffre est encore modeste dans un pays de 310 millions d'habitants, plus de 145 000 personnes avaient signé lundi matin une pétition en place depuis trois jours sur le site internet de la Maison-Blanche, pour réclamer une loi sur le contrôle des armes.



>>> Sur le web : la pétition sur le contrôle des armes

De leur côté, la plupart des élus partisans d'une interprétation large du deuxième amendement, tout comme le lobby des fabricants d'armes (NRA), font profil bas depuis vendredi.

Mais la Chambre des représentants qui prendra ses fonctions début 2013 sera légèrement plus républicaine que celle qui avait laissé expirer l'interdiction des armes d'assaut en 2004, ce qui laisse présager un combat législatif difficile.

Pour Thomas Mann, de l'institut Brookings, «les perspectives de légiférer sur le contrôle des armes aux États-Unis ne sont jamais évidentes». Mais Newtown crée «une situation où le besoin d'initiative présidentielle est criant», selon lui.

Dans ces circonstances, «l'interdiction des armes d'assaut et des chargeurs de grande capacité n'est pas hors de question, surtout si le président saisit cette occasion et rassemble de nouveaux soutiens, comme les groupes religieux», explique à l'AFP cet expert en sciences politiques.

Le sénateur indépendant du Connecticut Joseph Lieberman, qui quittera le Congrès le mois prochain, a appelé lundi sur CNN à «faire en sorte que toutes les émotions que nous ressentons maintenant ne disparaissent pas».