Charles Blé Goudé, personnage clé du régime du président ivoirien déchu Laurent Gbagbo, faisait toujours samedi l'objet d'intenses spéculations, son camp affirmant qu'il était «en lieu sûr», après avoir été cru un temps arrêté par les forces du président Alassane Ouattara.  

Il n'a pas été arrêté et se trouverait en «lieu sûr», a déclaré à l'AFP samedi à Paris un conseiller de Laurent Gbagbo, Toussaint Alain.

De nombreuses rumeurs ont circulé quant au sort de Charles Blé Goudé, le chef des «jeunes patriotes» et ministre de la Jeunesse du président déchu. Des proches de Laurent Gbagbo le donnaient même tard vendredi «entre la vie et la mort», tandis que l'ONU affirmait ne disposer d'aucune information.

Toussaint Alain n'a pas précisé si Charles Blé Goudé était en bonne santé ni où il se trouvait, se refusant à tout autre commentaire sur le sort de l'ancien «général de la rue», ainsi surnommé pour sa capacité à mobiliser la jeunesse et notamment les milieux estudiantins.

Pour la porte-parole du président Ouattara, Anne Ouloto, «Charles Blé Goudé est en tout cas activement recherché». «C'est l'un des principaux piliers du régime de Laurent Gbagbo, notamment dans la gestion des milices: il a transformé les jeunes patriotes en milices, distribué des armes aux gens», a-t-elle affirmé vendredi.

Charles Blé Goudé n'était pas parmi les fidèles de l'ex-chef de l'État arrêtés en sa compagnie lundi dans la résidence présidentielle, lors de l'assaut des forces du président Ouattara appuyées par la France et l'ONU.

Le porte-parole du gouvernement, Patrick Achi, avait annoncé que M. Blé Goudé avait été «appréhendé» jeudi et qu'il se trouvait en «résidence surveillée», avant de se rétracter et d'indiquer que les premières informations en sa possession n'avaient «pas été confirmées par la suite».

«Nous dénonçons une manipulation», a réagi samedi Toussaint Alain à propos de cette annonce puis de son démenti. «C'était une manière de se couvrir au cas où il aurait été bastonné ou tué», a-t-il commenté.

«Nous voulons savoir ce qu'il est advenu de toutes les personnes qui ont été arrêtées ces derniers jours et dont on est sans nouvelle», a ajouté Toussaint Alain.

La télévision TCI du nouveau pouvoir a diffusé vendredi des images de l'arrestation du général Bruno Dogbo Blé, qui commandait la redoutée Garde républicaine ivoirienne, pilier de l'appareil sécuritaire de l'ex-président.

Bruno Dogbo Blé ne comptait pas parmi les principaux chefs de l'armée et des forces de sécurité qui ont fait allégeance ces derniers jours au président Ouattara, après l'arrestation lundi de M. Gbagbo.

Laurent Gbagbo a été arrêté dans la résidence présidentielle à Abidjan, après quatre mois d'une crise née de la contestation des résultats de l'élection remportée par Alassane Ouattara, et dix jours de guerre dans la métropole ivoirienne. Le conflit a fait quelque 900 morts depuis fin 2010, selon l'ONU.

La Gambie, petit pays d'Afrique de l'Ouest, a déclaré ne pas reconnaître M. Ouattara et affirmé que M. Gbagbo demeurait «le président légitime».

À Paris, plusieurs milliers d'Ivoiriens, et Londres, environ 200, ont manifesté pour célébrer la victoire d'Alassane Ouattara et remercier la France et l'ONU.

À Abidjan, le nouveau pouvoir reprend en main progressivement une situation chaotique, misant sur une réouverture imminente de l'administration.

Les fonctionnaires qui avaient cessé de travailler en raison des violences à Abidjan sont appelés à reprendre «impérativement» le travail lundi. La TCI a ajouté que la rentrée des classes était prévue le 26 avril.

Le couvre-feu a été allégé à partir de ce samedi et s'appliquera jusqu'à lundi de 22h à 6h, au lieu de 18h à 6h, a-t-on appris auprès du ministère de la Défense.

Autre signe d'un progressif retour à la normale: le camp militaire français de Port-Bouët, dans le sud d'Abidjan, a cessé vendredi soir d'être une base d'accueil pour les personnes évacuées lors des combats.

Au total, quelque 5000 ressortissants, pour moitié des Français, avaient rejoint le camp, dont quelque 3300 ont quitté le territoire ivoirien, selon la force française Licorne.

Dans les rues d'Abidjan, la sécurité s'améliorait petit à petit malgré le désordre et les pillages qui persistent dans certains secteurs.