La mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (ONUCI) et la force française Licorne ont de nouveau dimanche tiré des missiles près de la résidence du président sortant Laurent Gbagbo, toujours retranché dans son bunker mais dont les forces ont réussi ces derniers jours à regagner du terrain à Abidjan face aux combattants d'Alassane Ouattara.

Le camp Gbagbo a aussitôt accusé la France de n'avoir pas d'autre objectif que d'«assassiner» le président sortant.

L'opération se poursuivait en fin de journée. Deux nouveaux missiles ont été tirés dans le secteur de la résidence présidentielle vers 18H45 (locales et GMT), a rapporté un habitant. Des tirs nourris de mitrailleuses lourdes ont répondu dans ce quartier pro-Gbagbo, selon la même source.

Dans un contexte de nette détérioration de la situation politique et sécuritaire, les hélicoptères de l'ONUCI et de la force Licorne avaient tiré auparavant «plusieurs missiles sur des véhicules blindés situés à l'extérieur de la résidence de Laurent Gbgabo (dans le quartier de Cocody, nord)», a indiqué une source proche de l'opération à l'AFP.

Un habitant de Cocody a dit avoir vu «un hélicoptère français tirer quatre missiles dans le secteur de la résidence», peu avant 17H00 locales et GMT.

Ces frappes ont été menées «pour neutraliser les armes lourdes» dans les environs du palais et de la résidence de Laurent Gbagbo ainsi que dans plusieurs camps militaires, a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'ONUCI.

«On a repris l'opération consistant à neutraliser les armes lourdes partout où elles se trouvent. L'ONUCI et Licorne ont entrepris de viser des cibles en plusieurs endroits, notamment aux abords du palais présidentiel et dans les environs de la résidence présidentielle», a déclaré le porte-parole Hamadoun Touré.

Les tirs ont également visé aussi «les camps où les exercices de reconnaissance ont permis d'identifier des armes lourdes», a-t-il ajouté.

Selon une source proche de l'opération, les hélicoptères de l'ONUCI et de Licorne poursuivaient les tirs peu avant 18H00 locales et GMT.

«Au cours des trois, quatre derniers jours, on a constaté une utilisation de ces armes lourdes contre les populations civiles et les Casques bleus. Les tirs contre le siège de l'ONUCI ont continué, d'où la nécessité de réagir pour protéger les populations civiles conformément à notre mandat», a-t-il ajouté.

Le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello, a dénoncé ces frappes, affirmant que la France «cherchait des prétextes pour réattaquer, elle en a rassemblé», a-t-il poursuivi en référence notamment à l'attaque samedi sur le QG du président reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara, démentie par le camp Gbagbo.

Pour la France «il n'y a pas d'autre objectif» que d'«assassiner le chef de l'État tout le reste n'est que prétexte», a-t-il dit.

Des tirs à l'arme lourde avaient repris dimanche près du palais présidentiel dans Abidjan, après l'appel lancé par les avocats d'Alassane Ouattara, demandant à l'ONU et à Paris de «neutraliser» les forces de Laurent Gbagbo.

Le Plateau et Cocody sont largement contrôlés par les forces fidèles à Laurent Gbagbo, qui s'y battent avec acharnement contre celles d'Alassane Ouattara.

Samedi, le Golf Hôtel, proche de Cocody où M. Outtara et son gouvernement sont reclus depuis le début de la crise postélectorale il y a plus de quatre mois, a été la cible de tirs, notamment de mortiers.

La France, dont la force militaire Licorne tient l'aéroport d'Abidjan, dans le sud de la ville, et l'ONU ont toujours assuré qu'elles n'avaient pas pour mission de renverser M. Ggbabo.

L'ONUCI avait averti vendredi que les forces loyales au président sortant, qui refuse de reconnaître les résultats certifiés par l'ONU donnant son rival vainqueur de la présidentielle, avaient profité d'une accalmie pour «renforcer leurs positions».

Le département d'État américain a également jugé samedi que «les tentatives de négociation cette semaine de la part de Laurent Gbagbo n'étaient rien d'autre qu'une ruse pour se regrouper et réarmer».

Celles d'Alassane Ouattarra essaient de sécuriser le reste de la capitale économique, dont la population au début des combats le 31 mars était évaluée à quatre millions d'habitants et qui est au bord d'une catastrophe humanitaire.

«Nous avons de très vastes mouvements de population d'un quartier à l'autre (à Abidjan), car aucun quartier n'est vraiment sécurisé», a déclaré le coordonnateur humanitaire entre les agences de l'ONU et des ONG, Ndolamb Ngokwey, contacté au téléphone à Abidjan depuis Paris.

Interrogé sur la présence de cadavres dans les rues de la métropole économique ivoirienne, ce responsable a répondu: «Beaucoup de personnes m'ont raconté qu'il y avait beaucoup de cadavres qui jonchaient les rues, et pas seulement dans le quartier des ambassades».