Les enquêteurs russes ont annoncé mardi la découverte d'une troisième boîte sur le site de l'accident de l'avion présidentiel polonais en Russie et exclu que ce drame ait pu être causé par un incendie ou une explosion.

«Un enregistreur supplémentaire, de fabrication polonaise, a été trouvé» lundi, a annoncé Tatiana Anodina, chef du Comité d'aviation intergouvernemental (MAK), organisme dont le siège est à Moscou.

«La décision a été prise de satisfaire la demande de la partie polonaise et de le déchiffrer en Pologne avec la participation de spécialistes russes», a-t-elle ajouté au cours d'une réunion de la commission gouvernementale russe à laquelle prenaient part des experts polonais.

Le premier ministre Vladimir Poutine, qui dirige cette commission, a appelé à une bonne coordination du travail avec les Polonais afin d'«obtenir le résultat d'enquête le plus objectif possible».

Les autorités russes estiment que les pilotes polonais ont ignoré les instructions des contrôleurs aériens de l'aéroport militaire près de Smolensk (ouest) qui leur avaient recommandé d'atterrir ailleurs en raison du mauvais temps.

Cette version a été confirmée par des contrôleurs de l'aéroport interrogés par la presse russe. Ces derniers ont toutefois reconnu avoir été confrontés à de graves problèmes de communication avec l'équipage de l'avion en raison de la barrière linguistique.

Les enquêteurs russes ont, eux, exclu que la catastrophe ait pu être causée par un incendie ou une explosion, a pour sa part indiqué le vice-premier ministre russe Sergueï Ivanov.

«L'analyse préliminaire» des boîtes noires a «montré qu'il n'y avait pas eu d'explosion ou de feu à bord de l'avion», a-t-il dit.

«L'examen du site prendra encore trois-quatre jours, beaucoup de pièces à conviction et des fragments de corps étant profondément enfoncés dans la terre», a ajouté le chef du comité d'enquête du parquet russe Alexandre Bastrykine.

Des contrôleurs aériens de l'aérodrome ont pour leur part affirmé que les pilotes ne leur avaient pas transmis des données cruciales sur l'altitude de l'appareil, probablement en raison de la barrière linguistique.

«Nous n'avons pas reçu les données sur les mouvements (de l'avion) et l'altitude. Le pilote aurait dû nous les donner», mais «ne l'a pas fait», a indiqué un des contrôleurs, Anatoli Mouraviev, au quotidien populaire Komsomolskaïa Pravda.

Ce refus pourrait être dû à la barrière linguistique entre les Polonais et les Russes, a estimé le responsable. «Les conversations avec les pilotes se déroulaient en russe et, partiellement, en mauvais anglais, cela compliquait la compréhension», a-t-il expliqué.

«L'aiguilleur parlait avec le pilote en russe, les autres l'aidaient, lui soufflaient des phrases en anglais. Il était très difficile de se rendre compte si le pilote comprenait ce qu'on lui disait», a avoué M. Mouraviev.