Les enquêteurs français ont fait dimanche une percée décisive dans leur longue enquête pour déterminer les causes de l'accident de l'Airbus d'Air France survenu le 1er juin 2009 au large du Brésil, en repêchant l'une des deux boîtes noires de l'épave engloutie au fond de l'Atlantique sud.  

«L'équipe d'enquête a localisé et identifié le module mémoire de l'enregistreur de paramètres -Flight Data Recorder (FDR)- à 10h GMT ( 6h, heure de Montréal) dimanche matin. Il a été remonté à bord du navire (...) à 16h40 UTC (14h40, heure de Montréal)», a annoncé le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), chargé de l'enquête technique, dans un communiqué.

«À ce stade, le boîtier a l'air en bon état physique. Nos experts nous disent que nous pouvons espérer pouvoir lire ces données», a déclaré à l'AFP Jean-Paul Troadec.

Il s'est toutefois montré prudent soulignant que, pour le moment, il était difficile de savoir si le boîtier avait pu être endommagé par de la corrosion.

Les enquêteurs avaient annoncé mercredi avoir retrouvé le châssis de la boîte noire mais sans le module mémoire, contenant les précieuses données du vol qui pourraient permettre d'expliquer la catastrophe.

Le module s'était détaché du châssis sans doute au moment de l'impact sur l'eau.

Le BEA avait annoncé début avril avoir localisé le champ de débris de l'appareil, un Airbus A330, à 3900 mètres de profondeur un peu au nord de la dernière position de l'avion connue. Il avait lancé la semaine dernière la délicate phase de repêchage.

«Si ces données sont exploitables, cela va permettre de faire avancer l'enquête car le FDR enregistre l'altitude, la vitesse, les différentes positions de la gouverne», a encore expliqué M. Troadec.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole d'Airbus a déclaré que le groupe ne faisait à ce stade «strictement aucun commentaire».

«Cette nouvelle étape dans l'enquête constitue une grande avancée car elle pourrait fournir des informations supplémentaires sur les causes de cet accident à ce jour inexpliqué», a commenté de son côté le directeur général d'Air France-KLM, Pierre-Henri Gourgeon.

Le module mémoire de la boîte noire est pour l'heure immergé dans l'eau. Il doit être transporté au BEA, au Bourget, près de Paris, où il sera décortiqué par des experts.

«Il devrait être dans nos locaux d'ici 8 à 10 jours, le temps qu'un bateau de la marine nationale (française) vienne le chercher et le conduise chez nous», a encore indiqué M. Troadec.

L'objectif pour les enquêteurs est désormais de localiser et repêcher la seconde boîte noire, celle enregistrant les conversations de l'équipage dans le poste de pilotage (le CVR - «cockpit voice recorder»), avant que la marine nationale vienne chercher le premier enregistreur afin d'acheminer les deux boîtes en même temps.

«Si nous pouvons lire les premières données, ce sera un grand pas mais sans la seconde boîte noire, il nous manquera des données essentielles: la manière dont les pilotes ont réagi, les raisons d'avoir pris telle ou telle décision face à l'urgence», a encore commenté Jean-Paul Troadec.

Jusqu'alors la catastrophe, qui a fait 228 morts, reste inexpliquée. Les enquêteurs ont déterminé que la défaillance des sondes de vitesse de l'appareil, dites Pitot du fabricant Thales, est l'une des causes de la tragédie. Mais les enquêteurs estiment que ce dysfonctionnement (givrage à haute altitude) ne peut expliquer à lui seul le crash.

«Le repêchage de la première boîte noire est l'aboutissement de 23 mois de recherche», a souligné M. Troadec alors que le BEA a suscité de vives critiques de la part des familles victimes dont certains ont suspecté les autorités françaises de ne pas vouloir élucider l'accident.