La Corée du Nord a appelé vendredi la Corée du Sud à la «réconciliation» tout en exigeant la fin des exercices militaires avec les États-Unis, une condition inacceptable annonçant une possible provocation, selon les experts.

Dans une lettre ouverte envoyée sur ordre de son numéro un Kim Jong-Un pour promouvoir «la réconciliation et l'unité», la Corée du Nord a souhaité l'arrêt de toutes les hostilités avec Séoul.

«Ce qui est important pour (...) améliorer les relations entre le Nord et le Sud c'est de prendre une décision courageuse afin d'arrêter toutes les actions militaires hostiles», a indiqué la lettre émanant de la Commission nationale de Défense (NDC), la principale institution militaire de Corée du Nord.

La semaine passée, la NDC a fait une série de propositions appelant la Corée du Sud à annuler ses manoeuvres militaires conjointes avec les États-Unis, prévues en février, et à mettre un terme à la surenchère d'insultes entre les deux pays.

Séoul a rejeté ces offres les taxant de «fallacieux» exercice de propagande, et averti que Pyongyang pourrait au contraire préparer le terrain à une nouvelle provocation visant à déclencher une confrontation entre les deux Corées.

«Il est regrettable que les autorités sud-coréennes campent sur une attitude incorrecte et une position négative, a réagi la NDC dans la lettre ouverte.

Le Sud «ne devrait pas mettre en doute (notre proposition) sans réfléchir, mal interpréter et rejeter précipitamment notre sérieuse et sincère proposition», a-t-elle ajouté.

Pyongyang ne demande pas à ce que la Corée du Sud mette un terme à ses manoeuvres ordinaires, mais lui demande de «stopper ses exercices en vue d'une guerre avec l'appui de forces extérieures», selon ce courrier.

La semaine dernière, les Nord-Coréens avaient annoncé «un holocauste défiant l'imagination» si les exercices avaient bien lieu.

«Les motivations cachées de l'ennemi»

Le ministère sud-coréen de l'Unification, responsable des relations intercoréennes, a fait savoir qu'il réagirait vendredi dans la journée. Le ministère de la Défense a de son côté mis en garde contre les «motivations cachées de l'ennemi».

Traditionnellement, la température monte dans la péninsule coréenne quelque temps avant les manoeuvres américano-sud-coréennes que Pyongyang condamne comme un entraînement à l'invasion du nord.

L'an dernier a été marqué par de fortes tensions, la Corée du Nord menaçant de réaliser des tirs nucléaires préventifs alors que des bombardiers nucléaires américains effectuaient des entraînements au-dessus de la péninsule.

De nombreux experts doutent de la sincérité des dernières déclarations nord-coréennes, notant que par le passé, les mains tendues de Pyongyang à Séoul ont souvent précédé des provocations militaires.

Par ailleurs, le régime nord-coréen sait pertinemment qu'il ne peut demander à la Corée du Sud, compte tenu des tensions persistantes sur la péninsule, de renoncer à ses entraînements avec les forces américaines.

Pour Kim Yong-Hyun, de l'université Dongguk à Séoul, le Nord cherche simplement à faire porter au Sud la responsabilité d'une éventuelle confrontation.

La Corée du Nord «veut faire croire au monde que le Sud refuse le dialogue alors que le Nord s'efforce d'améliorer les relations» entre les deux pays séparés depuis la guerre (1950-1953), analyse-t-il.

La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye se dit disposée à rencontrer Kim Jong-Un au moment opportun, mais insiste sur l'abandon par Pyongyang de son programme nucléaire.

La Corée du Nord, qui menace à l'envi les États-Unis et nombre de ses voisins en Asie de guerre totale, a procédé l'an dernier à son troisième essai nucléaire souterrain, défiant les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.