La Chine a soutenu jeudi l'appel au dialogue «sans conditions» lancé par son allié nord-coréen à la Corée du Sud, qui a pour sa part accueilli cette offre avec scepticisme, soulignant une fois de plus, avec Washington, que le Nord serait jugé sur ses actions et non ses déclarations.

«Nous sommes favorables à ce que les parties concernées aient des contacts et un dialogue», a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hong Lei.

«Nous espérons que (ces pays) feront des efforts conjoints pour reprendre sans délai les discussions à Six» sur le programme nucléaire nord-coréen, a-t-il ajouté lors d'un point de presse régulier.

La veille, la Corée du Nord avait dit être prête à entamer «sans conditions et rapidement» des pourparlers avec son voisin du Sud afin d'apaiser les fortes tensions régnant entre les deux pays.

Dans un communiqué au ton inhabituellement conciliant, les Nord-Coréens se sont déclaré «prêts à rencontrer quiconque, à tout moment et en tout lieu».

Pékin est le seul allié de poids de Pyongyang et son aide est une véritable bouée de sauvetage pour ce pays à l'économie en lambeaux.

La Chine tente depuis des mois de relancer les pourparlers à Six visant à convaincre la Corée du Nord d'abandonner son programme nucléaire en échange d'une aide énergétique. Ces négociations, hébergées par Pékin, sont au point mort depuis que Pyongyang en a claqué la porte en avril 2009.

Ces déclarations chinoise interviennent alors que l'envoyé spécial américain pour la Corée du Nord, Stephen Bosworth, vient d'achever une visite éclair en Chine, après un séjour en Corée du Sud, et avant de partir au Japon.

Il a décrit ses discussions à Pékin comme «utiles», selon un communiqué de l'ambassade des États-Unis en Chine.

Du côté de Séoul et Washington, la main tendue par la Corée du Nord a été accueillie avec beaucoup de prudence.

«Nous ne considérons pas cela comme une offre sérieuse de dialogue», a déclaré jeudi à l'AFP la porte-parole du ministère sud-coréen de l'Unification, Lee Jong-Joo.

Le Nord a émis plusieurs offres de négociations de ce type depuis 2007, a-t-elle dit. Selon elle, en faisant de telles propositions, Pyongyang veut diviser la population et le gouvernement en Corée du Sud.

Le Nord devrait plutôt, pour preuve de sa bonne volonté, respecter ses obligations de dénucléarisation énoncées en 2005 et présenter ses excuses pour le bombardement le 23 novembre d'une petite île sud-coréenne et le torpillage d'une corvette en mars, qui ont fait au total 50 morts, a-t-elle ajouté.

La réaction de Washington est sur le même registre.

Pyongyang doit démontrer son «sérieux», a déclaré mercredi le porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley. Elle «doit démontrer que son offre est sincère».

Des éditoriaux publiés par la presse officielle de Pyongyang à l'occasion du nouvel an avaient appelé à une amélioration des relations entre le Nord et le Sud, alors que la tension dans la péninsule reste vive, après le bombardement du 23 novembre.

À Séoul, les analystes soulignent que le Nord tente de rendre responsable le Sud de l'absence de dialogue. «Cette proposition de dialogue place le Sud dans une situation très inconfortable, surtout à un moment où la Chine et les États-Unis souhaitent tous deux un apaisement des tensions via les pourparlers», a noté Hong Hyun-Ik (Institut Sejong).

Selon l'analyste, le Nord pourrait effectuer un troisième essai nucléaire s'il n'y a pas de progrès sur la reprise des pourparlers à Six (deux Corées, Chine, Japon, Russie, États-Unis).