Après un accord avec la Chine, le ministre nord-coréen des Affaires étrangères Pak Ui Chun ira à Moscou la semaine prochaine pour chercher à obtenir la compréhension de la Russie dans son conflit avec Séoul et l'impasse diplomatique autour de son dossier nucléaire.

M. Pak a annoncé vendredi qu'il effectuerait une visite à Moscou du 12 au 15 décembre sur invitation des autorités russes, dans un entretien accordé à l'agence russe Interfax.

Il a également souligné que Pyongyang s'appuierait sur sa puissance nucléaire pour se défendre des actes «hostiles» des États-Unis et de la Corée du Sud, dans le même entretien.

«À l'ordre du jour de ma visite en Russie qui aura lieu sur invitation de la Russie, il y a des discussions avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sur les questions bilatérales et les problèmes internationaux d'importance majeure», a-t-il indiqué.

La dernière visite à Moscou d'un responsable nord-coréen de haut niveau remonte à 2001, lorsque le dirigeant Kim Jong-Il, venu en train à travers la Sibérie, s'était entretenu avec le président de l'époque Vladimir Poutine.

Jeudi Kim Jong-Il et un haut responsable chinois ont exprimé leur accord sur la situation dans la péninsule coréenne, à l'issue d'une rencontre à Pyongyang, la première entre les deux alliés communistes depuis les bombardements du Nord sur une île du Sud en novembre.

Pour l'analyste politique russe Fedor Loukianov, la visite en Russie du ministre nord-coréen est «lourde de sens» et témoigne de l'impasse dans le processus diplomatique, «la Russie n'étant pas l'acteur clé dans le règlement nord-coréen».

«La diplomatie russe peut jouer un rôle positif, apaiser les tensions pour que les parties en conflit cessent de se tenir en joue», explique à l'AFP M. Loukianov, rédacteur en chef de la revue «La Russie dans la politique mondiale».

«Pour Pyongyang, la Russie ne fait pas partie de l'Occident hostile et les Nord-Coréens ont moins peur de nous que de la Chine», conclut-il.

La Russie, qui a entretenu depuis l'époque soviétique, tout comme Pékin, des relations avec le régime de Pyongyang, avait condamné avec fermeté en novembre les tirs nord-coréens qui avaient fait quatre morts sur l'île sud-coréenne de Yeonpyeong et provoqué des tirs de riposte de la part de l'armée sud-coréenne.

Moscou a appelé au dialogue pour réduire les tensions, sans prendre position sur la proposition chinoise de tenir une réunion d'urgence des six pays impliqués dans les négociations (les deux Corées, Chine, Russie, Japon, États-Unis). Une idée fraîchement accueillie par Washington, Séoul et Tokyo.

M. Pak a de son côté accusé les États-Unis d'empêcher la reprise de négociations à six en dépit de «l'aggravation extrême de la situation» sur la péninsule.

Il a aussi défendu les ambitions nucléaire de Pyongyang face aux agissements «hostiles» des États-Unis et la Corée du Sud.

«Nous pensons que notre politique (...) de renforcer le potentiel militaire en s'appuyant sur les forces nucléaires est juste», a-t-il dit.

Les États-Unis ont mené des manoeuvres militaires conjointes, avec les Sud-Coréens puis avec les Japonais, depuis le 23 novembre afin de «renforcer la dissuasion contre la Corée du Nord».

Pyongyang avait jugé que ces manoeuvres aéronavales en mer Jaune étaient une «provocation et un crime», menant la région «au bord de la guerre».

Le chef adjoint de la délégation russe pour les pourparlers à six, l'ambassadeur itinérant Grigori Logvinov, a appelé vendredi les deux Corées à s'abstenir de toute provocation.

«Toutes les parties doivent s'abstenir de toute action susceptible de provoquer l'aggravation de la situation», a déclaré M. Logvinov cité par l'agence Interfax.