Jusqu'ici en retrait dans la crise coréenne, la Chine a pris la main dimanche en proposant d'accueillir des consultations d'urgence des pays engagés dans les négociations à Six sur le nucléaire nord-coréen pour faire redescendre la tension dans la péninsule.

La Chine «après mûre réflexion, propose la tenue de consultations d'urgence parmi les chefs des délégations des négociations à Six début décembre à Pékin pour échanger les points de vue sur les sujets de forte préoccupation actuellement», a déclaré Wu Dawei, chef de la délégation chinoise à ces pourparlers.

Ces discussions sur la fin du programme nucléaire nord-coréen réunissent, outre la Chine qui les héberge, les deux Corées, les États-Unis, le Japon et la Russie.

Mais la première réaction, celle du Japon, qui va étudier cette proposition «avec prudence», était plutôt tiède.

Depuis le bombardement mardi dernier par la Corée du Nord de l'île de Yeonpyeong qui a provoqué un tollé international, la Chine s'était bornée à lancer des appels «à la retenue» après «les échanges de tirs» alors que la tension montait dangereusement.

Mais «la communauté internationale, en particulier les partenaires des négociations à Six, est profondément inquiète» des tensions dans la péninsule coréenne, a expliqué M. Wu devant la presse, convoquée à la hâte et exceptionnellement un dimanche pour «une annonce importante».

La proposition de consultations d'urgence permet à la Chine de prendre l'initiative alors qu'elle a été très critiquée pour ne pas avoir, contrairement aux autres grandes puissances, condamné Pyongyang pour ses tirs d'obus qui ont fait quatre morts.

Les États-Unis comme la Corée du Sud ont aussi pressé la Chine de jouer un rôle afin de faire refluer les tensions dans la péninsule, en référence à son influence -réelle ou supposée- sur l'imprévisible régime nord-coréen.

Ces derniers jours, la diplomatie chinoise s'est visiblement activée alors que s'annonçaient les manoeuvres aéronavales conjointes entre les États-Unis et la Corée du Sud en mer Jaune et que Pyongyang multipliait les menaces belliqueuses.

Vendredi et samedi, le ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi a eu des échanges téléphoniques avec ses homologues américaine Hillary Clinton et russe Sergueï Lavrov.

Il s'est également entretenu avec son homologue sud-coréen et a rencontré l'ambassadeur de Pyongyang à Pékin. De son côté, le conseiller d'État Dai Bingguo était reçu dimanche par le président sud-coréen Lee Myung-Bak qui a souhaité que la Chine joue un rôle «plus équitable et plus responsable».

Pékin a vu avec inquiétude les États-Unis et la Corée du Sud entamer dimanche une démonstration de force aéronavale en mer Jaune, avec des manoeuvres militaires conjointes qui doivent durer quatre jours et dans lesquelles l'US Navy a engagé le porte-avions George Washington.

Pékin s'était dit samedi «opposé à toute action militaire non autorisée à l'intérieur de la zone économique exclusive de la Chine».

Pyongyang a promis de son côté de riposter «sans pitié» à toute intrusion dans ce qu'il considère son espace maritime souverain et a lancé une mise en garde contre les «conséquences imprévisibles» de ces exercices.

Concernant la proposition de Pékin de consultations d'urgence, Wu Dawei a fait une prudente mise au point.

«Je voudrais insister sur le fait que bien que les consultations (d'urgence) n'impliquent pas la reprise des négociations à Six, nous espérons qu'elles contribueront à créer les conditions de la reprise des pourparlers à Six».

«La position habituelle de la Chine est que les pourparlers à Six devraient être relancés rapidement», a-t-il dit, au sujet des laborieuses discussions dont Pyongyang avait claqué la porte en avril 2009.