Le nouveau pape François ne s'est pas contenté d'adopter le nom de saint François d'Assise. Il embrasse également un style de vie modeste - du moins, en ce qui concerne le Vatican. En fait foi sa première journée à la tête de la curie romaine sous le signe de la simplicité.

Payer sa note d'hôtel et voyager en minibus sont-ils des actes extraordinaires? Pour le chef de 1,2 milliard de catholiques, la question se pose. Or, les premiers pas de l'Argentin Jorge Mario Bergoglio en tant que pape ont été dépourvus de la pompe normalement associée à ces fonctions.

Le Saint-Père a provoqué la commotion lorsqu'il a réglé ses frais de séjour en personne à l'hôtel où il résidait avant le conclave. Le cardinal Jean-Claude Turcotte, également client de la Maison Paul VI, avait assisté à la scène.

«Il nous a dit hier pendant le souper qu'il allait payer ses comptes à l'hôtel, explique le cardinal de 76 ans joint hier matin. Nous avions cru à une blague, mais il est arrivé ce matin à 9 h. Il était accompagné seulement de quelques gardes de sécurité. Le personnel était fou de joie.» Tous les clients de l'hôtel, surtout des prêtres, l'ont spontanément applaudi pendant qu'il redescendait de sa chambre avec ses bagages.

«Il nous a salués de la main, dit l'attaché de Mgr Turcotte, Richard Saint-Louis. Il était beaucoup plus souriant et détendu que la veille.»

Pour le cardinal Turcotte, l'ancien archevêque de Buenos Aires n'est rien de moins qu'un saint. «Cet homme m'impressionne depuis 20 ans, dit-il. Par exemple, il avait vendu son archevêché au profit d'oeuvres de charité et vivait dans une maison modeste. Il apportera des changements nécessaires à l'Église. La curie romaine a besoin de délester certaines richesses pour se rapprocher des démunis.»

Pas de luxe pour François

L'humilité est déjà devenue une qualité indissociable du pape François. Après la cérémonie au Vatican, mercredi soir, il a insisté pour prendre la navette avec les cardinaux jusqu'à la Maison Sainte-Marthe, l'hôtel où ils logeaient en vase clos. Ensuite, au cours d'un «souper joyeux», selon le porte-parole Federico Lombardi, il leur a dit: «Que Dieu vous pardonne pour ce que vous avez fait.» Une phrase rendue célèbre par Jean-Paul I lorsqu'il a été élu en août 1978.

«Il nous a fait rire avec ces mots. Il a conquis notre coeur», a affirmé le cardinal Timothy Dolan au collège pontifical nord-américain.

Le quotidien romain La Stampa a suggéré que le pape François se serait par la suite échappé de la résidence pour marcher dans les rues de sa ville d'adoption, sans donner davantage de détails.

Quelques détails vestimentaires ont également été remarqués. L'Argentin s'est présenté au monde entier mercredi soir sans la luxueuse pèlerine rouge bordée de fourrure d'hermine. Il a conservé son crucifix d'argent au cou, au lieu de porter la croix d'or papale. Et il ne portait pas les fameuses chaussures de cuir rouge à sa visite à la basilique Sainte-Marie-Majeure, hier matin.

Toutes ces raisons laissaient croire au cardinal Turcotte que François allait marquer l'Église catholique. «À la sortie du conclave, je lui ai dit: "Tu peux compter sur moi, ma vie est entre tes mains."»

Le 266e pape de l'histoire a clos sa première journée en intimant à ses 114 cardinaux électeurs d'obéir inconditionnellement au Christ. «Si l'Église n'est pas ancrée dans le Christ, elle n'est qu'une ONG [organisation non gouvernementale]... Quand on ne se confesse pas à Jésus, on se confesse à la mondanité du diable», a-t-il dit dans une courte homélie improvisée à sa première messe en tant que pontife.