Si Timothy Dolan, archevêque de New York, devait être élu pape, il ne faudrait pas seulement s'intéresser à la couleur de la fumée émanant de la chapelle Sixtine, mais également à son odeur. Après tout, le cardinal de 63 ans n'a-t-il pas déclaré récemment qu'il fallait avoir «fumé de la marijuana» pour le voir s'installer au Saint-Siège?

La blague, lancée dans l'enceinte même de la cathédrale Saint-Patrick de New York, n'a pas scandalisé les New-Yorkais, qui sont habitués au sens de l'humour de leur archevêque. «Ne pariez pas l'argent de votre lunch [sur mon élection]. Pariez sur les Mets», leur a-t-il également conseillé par l'entremise du Daily News, un des tabloïds locaux.

Timothy Dolan n'a sans doute pas tort d'ironiser sur ses chances de succéder à Benoît XVI. Le Sacré Collège n'est probablement pas encore prêt à élire un pape originaire des États-Unis, un pays qui n'est pas en odeur de sainteté dans tous les coins du monde. Mais le nom du prélat new-yorkais ne continue pas moins d'être mentionné parmi les papables.

Et si les électeurs du prochain pape cherchent un candidat relativement jeune, médiatique et brillant, ils pourront difficilement trouver mieux que Timothy Dolan.

«S'ils veulent une version américaine de Roncalli, Timothy Dolan est leur homme», dit le père Robert Sirico, fondateur de l'Institut Acton pour l'étude de la religion et la liberté, en faisant allusion à Jean XXIII, pape connu pour son humanité et sa simplicité.

Accueilli par 3000 étudiants

À peine moins corpulent que Jean XXIII, Timothy Dolan a donné un exemple de son style personnel en septembre dernier en participant à une rencontre publique à l'Université Fordham aux côtés de l'humoriste Stephen Colbert, animateur d'une émission satirique sur la chaîne Comedy Central. Quelque 3000 étudiants ont accueilli bruyamment les deux célébrités catholiques, qui devaient débattre d'humour et de spiritualité.

À son entrée sur scène, Stephen Colbert a tendu la main au cardinal Dolan, qui s'en est emparé pour y déposer un baiser, se moquant ainsi de son statut de grand prélat. À la question de l'humoriste sur ses chances de devenir un jour souverain pontife, il a répondu: «Si je suis élu pape, ce qui est probablement la meilleure blague de toute la soirée, je m'appellerai Stephen III.»

Selon l'abbé Sirico, cette approche bonhomme est susceptible de diminuer le cardinal Dolan aux yeux de certains de ses collègues européens, qui pourraient y voir de la «superficialité».

«Mais la réalité est tout autre. Le cardinal Dolan est une personne d'une grande profondeur spirituelle et d'une vive intelligence», dit le prêtre catholique, qui connaît personnellement le prélat new-yorkais, considéré comme un conservateur sur le plan doctrinal.

Le cardinal Dolan pourrait également être entaché par les affaires de pédophilie qui ont secoué l'Église catholique américaine. Il a été entendu le 20 février par les avocats des 575 plaignants qui disent avoir été agressés par des prêtres du diocèse de Milwaukee, dont il a été l'archevêque de 2002 à 2009.

Le cardinal Dolan a été interrogé sur sa décision, il y a neuf ans, de publier les noms des prêtres qui avaient agressé des enfants et sur la manière dont il avait répondu à cette tragédie.



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