Le marathon oratoire a commencé: le candidat républicain à la Maison-Blanche Rand Paul, d'influence libertaire, a lancé mercredi une folklorique obstruction du Sénat («filibuster») pour protester contre une réforme jugée trop timide des pouvoirs de surveillance de l'Agence de sécurité nationale.

À 13 h 18 heure de Washington, le sénateur Rand Paul s'est levé dans l'hémicycle, un classeur ouvert devant lui, et a commencé une intervention qui pourrait durer plusieurs heures, sans autre limite que celle de sa volonté... et de sa vessie.

Sa cible: le Patriot Act, dont un article, utilisé par la NSA pour justifier un programme controversé de collecte massive de métadonnées téléphoniques aux États-Unis, arrive à expiration le 1er juin. D'ici là, le Congrès doit adopter soit une réforme restreignant les pouvoirs de la NSA, soit une reconduction en l'état du texte.

Rand Paul refuse cette dernière option, ainsi que la loi de réforme, nommée «USA Freedom Act», au prétexte qu'elle ne va pas assez loin pour protéger la vie privée des citoyens américains. Il veut laisser l'article contesté expirer complètement.

Le règlement intérieur de la chambre haute du Congrès permet à n'importe quel sénateur de prendre la parole, à condition de rester debout en parlant, sans avoir le droit de prendre de pause: la tactique est surnommée «filibuster», un terme de piraterie. Le record appartient à Strom Thurmond, qui défendit la ségrégation raciale pendant 24 heures et 18 minutes en 1957.

«Dans l'histoire des nations vient toujours un moment où la peur et la passivité permettent l'accumulation du pouvoir, au détriment de la liberté et de la vie privée», a déclaré Rand Paul en préambule. «Ce moment est arrivé. Et je ne laisserai pas le Patriot Act, la plus antipatriotique des lois, avancer sans obstacle».

Au même moment, ses équipes tweetaient: «Il est temps de mettre fin à l'espionnage de la NSA!».

En 2013, le sénateur avait tenu près de 13 heures pour protester contre l'opacité entourant l'usage de drones par l'administration Obama, un épisode qui avait dopé sa popularité et donné lieu au mot-clé «StandwithRand» («Debout avec Rand»), qui a refait surface mercredi.

«Le droit d'être laissé tranquille est le plus chéri des droits», a-t-il dit, menaçant de bloquer le fonctionnement du Sénat, même si techniquement, la réforme du Patriot Act n'était pas encore mercredi à l'ordre du jour.

En 2013, un autre candidat à l'investiture, le républicain Texan Ted Cruz, avait tenu 21 heures et 19 minutes pour appeler à l'abrogation de la réforme du système de santé de Barack Obama.