Le Royaume-Uni a espionné l'Argentine pour empêcher qu'elle «récupère les îles Malouines», dont les deux pays se disputent la souveraineté, a affirmé vendredi le portail d'informations argentin TN, en se fondant sur les archives de l'ex-consultant de l'Agence de sécurité américaine (NSA) Edward Snowden.

Entre 2008 et 2011, Londres a mené «des opérations secrètes d'interception, d'intervention et d'autres manoeuvres» en Argentine, raconte le portail TN.com.ar (groupe Clarin), en association avec The Intercept, site américain de journalisme d'investigation s'appuyant sur des documents fournis par Edward Snowden.

L'opération, baptisée «Quito», «était de long terme et de grande ampleur. L'objectif: empêcher que l'Argentine récupère les îles Malouines», assure le portail.

«Les nouveaux documents, jusqu'à présent inédits, montrent comment ses groupes d'action les plus secrets ont utilisé le jeu sale et la désinformation systématique pour lancer leur cyberoffensive».

Edward Snowden, réfugié en Russie depuis 2013, a été accusé par les États-Unis de filtrer des dizaines de milliers de documents secrets révélant notamment des dispositifs d'espionnage des citoyens.

Les Malouines sont toujours revendiquées par l'Argentine plus de 30 ans après la guerre éclair qui a opposé ce pays au Royaume-Uni en 1982 pendant 74 jours, faisant quelque 900 morts (649 soldats argentins, 255 Britanniques et trois habitants de l'île). La défaite avait précipité la chute de la junte militaire au pouvoir à Buenos Aires.

La tension a rebondi la semaine dernière quand le ministre britannique de la Défense Michael Fallon a annoncé un renforcement de la présence militaire sur ces îles, qui se trouvent à 400 km des côtes argentines.

La présidente argentine Cristina Kirchner a assuré jeudi, au 33e anniversaire du début de la guerre, que «l'Argentine n'est un danger pour personne».

«Quand nous sommes allés sur ces îles [pour la guerre], cela n'a pas été une décision d'un gouvernement démocratique, mais d'une dictature. L'attitude du Royaume-Uni, c'est presque de la provocation. Cela correspond à son intérêt pour le lobby des armes ou simplement à [une stratégie] pour gagner les élections», a-t-elle ajouté.

L'Argentine a dénoncé, notamment auprès des Nations Unies et du groupe G77+Chine, le renforcement du dispositif militaire britannique aux Malouines.