Le gouvernement afghan a dénoncé dimanche comme une «violation» de sa souveraineté la collecte de données téléphoniques par les forces américaines après une révélation du site WikiLeaks selon laquelle le pays avait été presque entièrement placé sur écoute par la NSA.

WikiLeaks a affirmé vendredi, dans un communiqué signé par son fondateur Julian Assange, que l'Agence nationale de sécurité américaine avait enregistré et stocké presque «tous les appels téléphoniques locaux et internationaux» passés en Afghanistan.

«L'écoute des conversations téléphoniques des Afghans par les Américains est une violation claire de la souveraineté nationale afghane et des libertés individuelles des Afghans», déclare le gouvernement afghan dans un communiqué.

Kaboul évoque également «une violation claire» d'accords passés dans le cadre de l'installation d'infrastructures de communication par les forces américaines et britanniques dans le but de lutter contre le trafic de drogue, semblant suggérer que ces moyens techniques ont été détournés pour procéder à des écoutes dans un cadre beaucoup plus vaste.

En conséquence, le gouvernement afghan a demandé au ministère des Télécommunications de «mettre fin immédiatement» à ces activités.

En outre, le Conseil de sécurité nationale (NSC) afghan, une instance gouvernementale présidée par le chef de l'État Hamid Karzaï, a reçu pour instruction d'enquêter sur ces «activités illégales» et d'exprimer le mécontentement du gouvernement afghan auprès des autorités américaines, ajoute le communiqué.

Cette affaire intervient sur fond de tensions entre Kaboul et Washington, le président afghan ayant repoussé la signature d'un accord de sécurité bilatéral (BSA) encadrant le maintien d'un contingent américain dans le pays après le retrait des forces de l'OTAN à la fin de l'année.

Le départ des soldats de la coalition fait craindre une nouvelle flambée de violences en Afghanistan, aux prises avec une insurrection sanglante des rebelles talibans que douze ans d'intervention militaire occidentale n'ont pas réussi à mater.

La NSA est au coeur d'un vaste scandale depuis l'été 2013 et les révélations de son ancien collaborateur Edward Snowden, qui ont mis en lumière des pratiques d'espionnage à grande échelle.

La première tentative de réforme de l'Agence nationale de sécurité a été adoptée jeudi par la Chambre des représentants américaine, mais des associations de défense de la vie privée et de géants de l'internet ont critiqué un texte ambigu.