La commission d'enquête parlementaire allemande sur les écoutes de l'agence de surveillance américaine NSA, lancée début avril, a officiellement demandé jeudi à pouvoir auditionner l'ancien consultant Edward Snowden, réfugié actuellement en Russie.

Les huit députés qui la composent, issus des quatre partis représentés à la chambre basse du Parlement allemand, le Bundestag, doivent déterminer dans quelle mesure des citoyens et des responsables politiques allemands ont été espionnés par la NSA, et ce que les services secrets allemands savaient.

Les membres ont voté jeudi à l'unanimité une motion invitant M. Snowden à témoigner, en personne ou en visioconférence, d'ici au 3 juin, a indiqué Martina Renner, élue du parti de la gauche radicale Die Linke, qui siège à la commission.

Les documents rendus publics par M. Snowden depuis l'été 2013 ont notamment montré que la NSA avait écouté le téléphone portable d'Angela Merkel pendant plusieurs années.

Ces révélations ont provoqué un tollé en Allemagne, où le respect de la vie privée est un sujet extrêmement sensible, et ont profondément affecté la relation avec les États-Unis, traditionnellement très forte.

Considéré comme un traître aux États-Unis, où il est recherché, M. Snowden a trouvé refuge en Russie, et ne peut se rendre en Allemagne sous peine de se faire arrêter et extrader.

Les membres de la commission appartenant au parti conservateur Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière plaident en faveur d'une audition soit par un député qui se rendrait en Russie pour entendre l'informateur, soit par visioconférence.

Cette solution avait déjà été retenue lorsque le Conseil de l'Europe avait souhaité entendre M. Snowden, le 8 avril.

Le parti de gauche radicale Die Linke et les Verts veulent, quant à eux, qu'Edward Snowden soit autorisé à venir en Allemagne avec une immunité garantie. Ils ont même affirmé être prêts à aller devant la justice pour obtenir ce qu'ils veulent.

L'insistance des partis d'opposition pour que M. Snowden soit entendu par la commission d'enquête avait contraint son président, Clemens Binninger (CDU), à démissionner quelques jours à peine après sa première réunion.

Il a été remplacé par un autre élu conservateur, Patrick Sensburg.