Les géants mondiaux des technologies, dont Google, Facebook et Twitter, haussent le ton et demandent aux gouvernements d'imposer des réformes radicales pour mettre fin à la surveillance électronique de masse sur l'internet, qui va «trop loin», selon eux.

Voici un aperçu des critiques lancées par ces entreprises, dont la valeur cumulative dépasse les 1400 milliards US - soit près de 80% de la taille de l'économie du Canada.

Mettre fin à la collecte de masse

Qui appelle qui? La NSA le sait. En colligeant les métadonnées sur les appels téléphoniques et les communications par internet, l'agence américaine et ses partenaires dans le monde peuvent brosser un tableau complet de nos interactions. Ces métadonnées sont archivées par défaut, de sorte que les espions peuvent remonter dans le temps et analyser le comportement de qui bon leur semble. «Les gouvernements devraient limiter leur surveillance à des usagers déterminés à l'avance, selon les balises de la loi, et non entreprendre un vaste programme de collecte des données de l'internet et des communications», écrivent les entreprises dans une lettre envoyée à Barack Obama et au Congrès américain, hier. Dans une déclaration, la PDG de Yahoo!, Marissa Mayer, note que les révélations d'Edward Snowden ont entaché la crédibilité des entreprises de l'internet. «Ce qu'on a appris au sujet des activités de surveillance du gouvernement a ébranlé la confiance de nos usagers, et il est temps pour le gouvernement américain d'agir afin de regagner la confiance des citoyens partout dans le monde», écrit-elle.

Plus de transparence

«Les gens n'utilisent pas les technologies auxquelles ils ne font pas confiance, écrit Brad Smith, chef des services juridiques de Microsoft. Les gouvernements ont trahi cette confiance et les gouvernements doivent aider à la restaurer.»

Le gouvernement américain demande régulièrement aux entreprises de la Silicon Valley «d'ouvrir leurs serveurs» pour qu'il puisse espionner des usagers. Pour ce faire, le gouvernement est muni d'un mandat délivré par le tribunal secret établi par le Foreign Intelligence Surveillance Act (FISA). Les entreprises doivent coopérer et ne peuvent dire à quelle fréquence le gouvernement fait ces demandes ni quelles informations sont colligées. Les entreprises réclament le droit de diffuser ces données sur les requêtes. «Les gouvernements devraient permettre aux entreprises de publier le nombre et la nature des requêtes gouvernementales au sujet des informations des usagers», soutiennent-elles.

Responsabilisation

Les entreprises signataires du manifeste, qui sont AOL, Facebook, Google, LinkedIn, Microsoft, Twitter et Yahoo! estiment que les pratiques des services de surveillance vont «trop loin» à l'heure actuelle. «Nous comprenons que les gouvernements ont le devoir de protéger leurs citoyens. L'équilibre a été rompu et les pratiques qui sont à la faveur de l'État vont trop loin. Cela amoindrit les libertés que nous chérissons tous. Il est temps que ça change», note la lettre ouverte. Les signataires appellent les gouvernements à mieux encadrer les activités de leurs services du renseignement.

Appui de taille au Congrès

La sortie publique des géants de la Silicon Valley vient appuyer les grandes lignes du projet de loi bipartisan actuellement proposé par Patrick Leahy, sénateur démocrate et secrétaire du comité judiciaire du Sénat des États-Unis, et le représentant républicain Jim Sensenbrenner, auteur du Patriot Act. Leur groupe réformiste est en conflit avec Dianne Feinstein, présidente du Comité du Sénat sur le renseignement et sénatrice démocrate de Californie, qui souhaite faire adopter une loi qui clarifierait la situation actuelle en autorisant les pratiques controversées de la NSA.