Les services secrets norvégiens ont démenti mardi des informations de presse faisant état d'un vaste programme d'espionnage américain ciblant les communications en Norvège.

Selon le journal populaire norvégien Dagbladet affirmant se fonder sur des documents fournis par Edward Snowden, l'Agence nationale de sécurité (NSA) américaine a espionné plus de 33 millions d'appels téléphoniques passés en Norvège en l'espace d'un seul mois.

«Ce n'est pas exact», a déclaré le chef du service de renseignement militaire Kjell Grandhagen lors d'une conférence de presse.

Selon lui, Dagbladet aurait été victime d'un quiproquo: les communications surveillées auraient été le fait des services norvégiens à l'étranger en appui d'opérations militaires norvégiennes ou dans le cadre de la lutte contre «le terrorisme international».

Les informations ainsi recueillies ont ensuite été partagées avec d'autres services de renseignement, y compris la NSA, a-t-il dit.

«Nous ne disposons pas d'informations qui laissent penser que les Américains conduisent de telles activités en Norvège ou contre la Norvège», a précisé Kjell Grandhagen.

Le premier ministre norvégien, Mme Erna Solberg, a aussi affirmé que le journal s'était trompé et que les 33 millions de communications surveillées, «en Afghanistan» a-t-elle précisé, étaient «totalement légitimes».

«Je pense que tout le monde doit se calmer un peu. Il faut d'abord établir les faits», a-t-elle dit à la presse.

L'article de Dagbladet faisait écho à des affaires similaires dans d'autres pays, notamment en France et en Allemagne, où la NSA aurait espionné un volume important de communications selon le journal Le Monde et l'hebdomadaire Der Spiegel citant les documents de l'ancien consultant américain Edward Snowden.

Ces révélations avaient provoqué des frictions entre les États-Unis et ses alliés.

Après le démenti des services norvégiens, le rédacteur en chef de Dagbladet, John Arne Markussen, a admis auprès de la chaîne publique NRK que le journal «pourrait avoir mal compris», sans exclure toutefois que de nouvelles informations viennent étayer les révélations.

Mais le journaliste américain Glenn Greenwald, qui contribue à la publication des documents récupérés par Edward Snowden et qui cosigne l'article de Dagbladet, a maintenu que les données recueillies portaient bien sur des communications en Norvège.

La NSA décrit elle-même ses outils de surveillance comme permettant à ses utilisateurs de sélectionner un pays et de découvrir ainsi la collecte de données «contre ce pays», a-t-il expliqué sur Twitter.

Il a aussi promis la publication prochaine de nouveaux documents appuyant les révélations du journal norvégien.

Selon Dagbladet, l'affaire porte sur près de 33,2 millions d'appels passés du 10 décembre 2012 au 8 janvier 2013 mais la surveillance pourrait aussi s'être produite avant et après cette période.

La NSA n'aurait pas espionné le contenu même des communications mais leurs métadonnées, à savoir l'identité des interlocuteurs ainsi que le lieu et la durée des appels

L'ambassade des États-Unis à Oslo a refusé de commenter ces allégations, faisant valoir que les autorités américaines ne s'exprimaient pas sur «les cas individuels» de pays supposément espionnés.