Un ex-agent du FBI a plaidé coupable lundi d'avoir illégalement donné des informations confidentielles à un média américain, en l'occurrence l'agence Associated Press, qui s'était indignée de la saisie de ses relevés téléphoniques par la justice pour identifier son informateur.

Le ministère américain de la Justice a annoncé, dans un communiqué, que Donald Sachtleben, ancien spécialiste des explosifs au FBI, arrêté dans l'Indiana dans le cadre d'une affaire de pornographie à caractère pédophile, a reconnu avoir «dévoilé volontairement et en connaissance de cause une information de sécurité nationale à un journaliste d'une organisation médiatique nationale non autorisée à la recevoir».

L'accord de plaider coupable, encore soumis à l'approbation d'un juge, prévoit une peine de 3 ans et 7 mois de prison pour la fuite d'informations confidentielles et de 11 ans et 8 mois au total, en prenant en compte l'affaire de possession et distribution de matériel à caractère pédopornographique, dans laquelle il a également plaidé coupable.

Selon le document judiciaire, dont l'AFP a obtenu une copie, Sachtleben, 55 ans, avait été démasqué après la saisie de «relevés téléphoniques relatifs à un journaliste qui avaient été obtenus sur assignation de la justice».

En mai dernier, cette affaire avait fait scandale, quand Associated Press s'était plainte que les relevés de 20 de ses lignes téléphoniques à Washington et New York, aient été saisis à la demande du parquet fédéral.

Le département de la Justice avait saisi en 2012 -- sans prévenir AP -- ces relevés d'une centaine de ses journalistes, couvrant une période de deux mois. Il cherchait, selon AP, à enquêter sur une fuite à l'origine d'un article sur une «opération de la CIA au Yémen ayant empêché au printemps 2012 un complot d'Al-Qaïda».

Sachtleben, qui avait travaillé pour le FBI de 1983 à 2008 comme spécialiste des explosifs, puis comme sous-traitant du gouvernement à partir de 2008, était détenteur d'une accréditation secret-défense qui lui permettait de travailler sur plusieurs affaires de terrorisme et d'accéder au laboratoire du FBI de Quantico, en Virginie.

En mai 2012, il avait révélé à un journaliste «l'interruption d'un complot d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique, basée au Yémen, pour mener un attentat-suicide sur une compagnie aérienne américaine, puis la récupération par les Etats-Unis d'une bombe» prévue pour cet attentat, selon ce document.

Il avait dévoilé cette information confidentielle, neuf jours avant son arrestation dans l'Indiana pour des faits de possession et de distribution de pornographie à caractère pédophile, pour lesquels il a également plaidé coupable.

«Sachtleben avait des raisons de penser que cette information pouvait être utilisée au détriment des Etats-Unis et à l'avantage d'un pays étranger», ajoute le communiqué, précisant que cet habitant de Carmel, dans l'Indiana, est également accusé d'avoir «volontairement conservé des documents relatifs à la défense nationale sans autorisation».

«Cette fuite non autorisée et injustifiable a gravement mis en danger notre sécurité nationale et mis en danger des vies», a déclaré le ministre adjoint de la Justice James Cole. Le ministère de la Justice ne cite pas l'Agence AP ni ne commente la saisie des documents qui avait suscité l'émotion des défenseurs de la liberté de la presse.

En mai, l'administration Obama avait justifié cette saisie par un cas de force majeure dans une affaire qui «mettait les Américains en danger».

Le département de la Justice, sous le feu des critiques, avait en juillet présenté de nouvelles règles destinées à améliorer la protection des médias.