Les gouvernements du Brésil et du Mexique ont demandé lundi des explications officielles aux États-Unis, suite aux accusations formulées la veille par la télévision brésilienne Globo TV d'espionnage des présidents Dilma Rousseff et Enrique Peña Nieto.

Les ambassadeurs américains dans les deux pays ont été convoqués, ont annoncé les ministères des Affaires étrangères brésilien et mexicain.

L'ambassadeur au Brésil, Thomas Shannon, a été sommé de s'expliquer sur cette «atteinte» potentielle à la souveraineté du Brésil alors qu'en fin de semaine se tiendra le Sommet du G20 à Saint-Petersbourg, où Mme Rousseff rencontrera le président américain Barack Obama.

Si elle est confirmée, l'interception par les États-Unis de communications de la présidente Rousseff «représente une violation inadmissible et inacceptable de la souveraineté brésilienne», a déclaré lundi le chef de la diplomatie brésilienne Luiz Alberto Figueiredo lors d'une conférence de presse, réclamant de «rapides explications officielles par écrit».

«Le gouvernement brésilien (veut) de rapides explications officielles par écrit (...) le plus tôt possible, cette semaine», de la part de l'administration américaine, a-t-il ajouté.

À l'agenda de la présidente brésilienne figure également une visite d'État en octobre à Washington. Son éventuelle annulation n'a pas été évoquée par les autorités brésiliennes.

Le ministère mexicain des Affaires étrangères a également annoncé lundi dans un communiqué avoir convoqué l'ambassadeur des États-Unis à Mexico et adressé un télégramme diplomatique à Washington «exigeant une enquête exhaustive» sur ces allégations d'espionnage.

«Sans préjuger de la véracité de ces informations (...) le gouvernement du Mexique rejette et condamne fermement tout espionnage de citoyens mexicains», a indiqué la chancellerie dans son communiqué.

Ce scandale présumé survient deux mois après que Brasilia eut demandé des explications à Washington sur des révélations du quotidien O Globo indiquant que le Brésil avait fait partie d'un réseau de 16 bases d'espionnage des services secrets américains.

L'affaire avait été évoquée en août lors de la visite au Brésil du secrétaire américain John Kerry, mais Brasilia avait jugé ses explications «non satisfaisantes».

Selon les nouvelles dénonciations diffusées par la chaîne Globo TV dimanche soir, les États-Unis ont espionné fin 2012 les communications de la présidente brésilienne et de l'actuel président du Mexique Enrique Peña Nieto, lorsqu'il était candidat à la présidence.

Pour ces nouvelles révélations, Globo TV a bénéficié de la collaboration du journaliste de The Guardian Glenn Greenwald, installé au Brésil, qui a divulgué un document détenu par l'ex-informaticien du renseignement américain Edward Snowden.

Ce dernier est inculpé d'espionnage aux États-Unis pour avoir révélé l'ampleur de la surveillance électronique américaine dans le monde et est réfugié à présent en Russie.

Daté de juin 2012 et intitulé «Espionnage de données, étude de cas du Brésil et du Mexique», ce document de l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) remis par M. Snowden indique que l'agence cherchait notamment à avoir «une meilleure compréhension des méthodes de communication et des interlocuteurs» de Mme Rousseff et de ses collaborateurs grâce à un programme qui permet d'accéder à tous les contenus visités par la présidente sur Internet.

«Nous sommes dans une situation d'urgence en raison de ces accusations d'espionnage», a déclaré lundi avant une réunion de plusieurs ténors du gouvernement le chef de cabinet de la présidence brésilienne, Gilberto Carvalho, cité par le quotidien O Estado de Sao Paulo.

L'ambassade américaine et le ministère brésilien des Affaires étrangères ont confirmé à l'AFP que l'ambassadeur s'était présenté lundi à la première heure au ministère mais l'ambassade s'est refusée à tout commentaire sur la réunion.

Après les révélations de juillet, selon lesquelles les services secrets américains auraient intercepté des millions d'appels téléphoniques et de courriers électroniques au Brésil, Brasilia avait annoncé qu'elle pourrait porter l'affaire devant des organismes internationaux.

Le ministre brésilien de la Justice s'était rendu aux États-Unis la semaine dernière pour évoquer la question avec notamment le vice-président Joe Biden. Mais il a déploré que Washington ait refusé une proposition brésilienne de négocier un accord bilatéral relatif aux activités d'espionnage.