L'ex-consultant du renseignement américain Edward Snowden a obtenu jeudi un asile provisoire d'un an en Russie et se trouve désormais dans un lieu «sûr», mais inconnu, une décision que les États-Unis ont vertement dénoncée.

«Ces huit dernières semaines, on a vu le gouvernement Obama ne montrer aucun respect pour les lois internationales et nationales, mais en fin de compte la justice a gagné. Je remercie la Russie de m'accorder l'asile en accord avec ses lois et ses obligations internationales», a déclaré M. Snowden dans son premier commentaire public, relayé par le site internet WikiLeaks.

Peu avant, son avocat russe, Anatoli Koutcherena, proche du Kremlin, avait créé la surprise en annonçant que le fugitif américain avait obtenu un asile d'un an en Russie, ce pays ayant jusqu'à présent montré des signes d'indécision et d'embarras dans cette affaire, qui le place dans une situation délicate vis-à-vis des États-Unis.

Ceux-ci ont d'ailleurs vivement réagi à l'annonce.

«Nous sommes extrêmement déçus du fait que le gouvernement russe ait pris cette décision malgré nos demandes très claires, et légales, en public et en privé, de voir M. Snowden expulsé vers les États-Unis pour qu'il réponde des accusations portées contre lui», a affirmé le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney.

Il a ajouté que les États-Unis réfléchissaient au maintien d'un sommet bilatéral prévu à Moscou pour début septembre, avant le sommet du G20, en présence des présidents russe et américain.

Selon WikiLeaks, qui a joué un rôle actif dans la fuite du jeune informaticien américain, M. Snowden a quitté jeudi l'aéroport de Moscou-Cheremetievo, où il était confiné depuis plus d'un mois, en compagnie de Sarah Harrison, une conseillère judiciaire qui l'avait accompagné depuis son arrivée en Russie.

Ils ont quitté «l'aéroport ensemble en taxi» pour se rendre dans un endroit «sécurisé et confidentiel», a indiqué le site fondé par Julian Assange

L'avocat russe d'Edward Snowden a aussi déclaré que son client était désormais en «lieu sûr», soulignant en outre que cet informaticien âgé de 30 ans avait des «amis américains» en Russie, capables d'assurer sa sécurité dans un premier temps, mais a refusé de donner plus de détails.

«Le lieu où il se trouve ne sera pas divulgué pour des raisons de sécurité, car il est l'homme le plus recherché du monde», a précisé Me Koutcherena.

Snowden s'exprimera tôt ou tard devant la presse

Il a cependant affirmé que M. Snowden s'exprimerait tôt ou tard devant la presse.

«Bien sûr qu'il va apparaître. Croyez-moi, il sait que la presse est intéressée», a-t-il déclaré, à la télévision russe, montrant le document attestant de l'asile accordé à M. Snowden.

Le nom «Snowden Edward Joseph» figure sur ce document à côté d'une photo en noir et blanc du fugitif américain.

Il a été délivré le 31 juillet et est valable jusqu'au 31 juillet 2014, selon ces images.

Cet ex-employé de la CIA et ex-consultant du renseignement américain était bloqué depuis le 23 juin dans la zone de transit de l'aéroport de Moscou-Cheremetievo et avait demandé un asile provisoire à la Russie.

Washington a réclamé à plusieurs reprises son extradition vers les États-Unis, où il a été inculpé d'espionnage après avoir fait des révélations fracassantes sur un programme américain de surveillance électronique mondiale.

Mais malgré ces demandes, la Russie avait refusé de livrer Edward Snowden.

Le président russe Vladimir Poutine a cependant à deux reprises lié l'éventuel octroi à l'ex-employé de la CIA de l'asile en Russie à la cessation de ses révélations qui nuisent au «partenaire» américain.

M. Snowden avait adressé le 16 juillet une demande d'asile provisoire à la Russie, après une longue période d'hésitation pendant laquelle la piste d'un asile dans un pays d'Amérique latine comme le Venezuela avait été privilégiée.

Le fondateur du «Facebook» russe, Vkontakte, le réseau social numéro un en Russie, a d'ailleurs proposé jeudi au jeune Américain de travailler pour lui.