L'ex-consultant du renseignement américain Edward Snowden, bloqué depuis plus de trois semaines dans un aéroport de Moscou, a officiellement demandé mardi un asile provisoire à la Russie, une requête a minima qui ménage les relations avec les États-Unis.

«La demande a été envoyée aux autorités russes», a déclaré Anatoli Koutcherena, un avocat proche du pouvoir russe, qui a déclaré s'être rendu mardi pour cette démarche à l'aéroport Cheremetievo où se trouve Edward Snowden.

Il a précisé que la demande avait été remise à des représentants du Service fédéral des migrations (FMS). Ce service a confirmé, de même que le site WikiLeaks, qui soutient Edward Snowden, sur Twitter.

Me Koutcherena avait participé vendredi à une rencontre organisée dans la zone de transit de l'aéroport.

Edward Snowden, qui y est bloqué depuis son arrivée en provenance de Hong Kong le 23 juin, avait annoncé son intention de demander l'asile en Russie faute de pouvoir rejoindre dans l'immédiat un des pays d'Amérique latine qui lui a offert l'asile.

Peu après l'annonce de sa demande d'asile provisoire à la Russie, Washington a réitéré son appel à l'expulsion d'Edward Snowden vers les États-Unis, où il est inculpé d'espionnage en raison de ses révélations sur les opérations de surveillance électronique américaines à l'étranger.

«Notre position est que M. Snowden devrait être expulsé et renvoyé aux États-Unis, et qu'il ne devrait pas être autorisé à voyager davantage à l'étranger, sauf pour rentrer aux États-Unis», a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney.

La Maison-Blanche avait invité vendredi la Russie à ne pas «offrir une tribune de propagande» à Edward Snowden depuis son territoire.

Interrogé à l'antenne de la télévision publique Rossia 24 sur la raison pour laquelle Edward Snowden avait demandé un asile temporaire, délivré au maximum pour un an renouvelable, et non l'asile politique ou le statut de réfugié, Anatoli Koutcherena a déclaré que cette décision était motivée par le délai plus court - trois mois - d'examen de la demande.

«Comme il est fatigué et que cela fait un mois qu'il se trouve dans la zone de transit de l'aéroport, il a choisi cette procédure», a dit l'avocat, selon lequel Edward Snowden doit rester à l'aéroport jusqu'à la décision sur sa demande.

«Il va rester dans la zone de transit pendant l'examen de sa demande», a-t-il indiqué à l'AFP.

Le site du FMS indique pourtant que le demandeur d'asile peut circuler librement en Russie dès l'enregistrement - et non l'acceptation - de sa demande.

Le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, a souligné que la demande d'Edward Snowden était une requête a minima n'impliquant pas de décision du Kremlin, comme ce serait le cas pour un asile politique.

«S'il s'agit d'un asile temporaire, cela ne concerne pas le président, mais le Service fédéral des migrations», a déclaré M. Peskov, cité par l'agence de presse Interfax.

Moscou souhaite que cette affaire «ne nuise pas au développement positif des relations de la Russie avec les États-Unis», a-t-il ajouté.

Le Kremlin, dont les réactions ont révélé depuis trois semaines un certain embarras, a gardé ses distances avec l'affaire Snowden.

Edward Snowden avait en effet demandé début juin l'asile politique à la Russie. Mais il était revenu sur sa demande après que M. Poutine avait posé comme condition que l'ancien consultant de l'Agence de sécurité nationale américaine (NSA) cesse ses révélations sur le programme de surveillance électronique américain.

Selon Me Koutcherena, Edward Snowden a cette fois accepté la condition posée par M. Poutine. «Je lui ai posé la question. Il a répondu "Je respecterai cette condition"», a déclaré l'avocat à Interfax.

Dans d'autres déclarations à la télévision russe, Me Koutcherena a affirmé qu'Edward Snowden avait fait part de sa crainte d'être soumis à «la torture ou (à) la peine de mort».

Le président Poutine a souligné lundi qu'Edward Snowden n'avait pas initialement l'intention de rester en Russie, y avait été bloqué par les pressions des États-Unis sur des pays tiers, et qu'il repartirait «dès qu'il aurait la possibilité d'aller ailleurs».

Mardi, avant l'annonce de M. Snowden, les interrogations étaient nombreuses sur les coulisses de la demande d'asile de l'Américain.

Vladimir Poutine a affirmé à plusieurs reprises que les services secrets russes n'avaient «pas travaillé» et ne travaillaient pas avec Edward Snowden.

Mais nombre d'observateurs ont estimé que la rencontre de vendredi à l'aéroport de Moscou, à laquelle avaient été conviés des défenseurs des droits de l'Homme, des avocats et un député proche du Kremlin, n'avait pas pu être organisée sans la participation des services russes.

Selon son site internet, Me Koutcherena est à la fois vice-président de l'Union des avocats russes, membre du Conseil des droits de l'Homme auprès du président russe et membre du Conseil consultatif du Service fédéral de sécurité (FSB).

Aux États-Unis, 19 associations américaines ont porté plainte mardi contre la NSA. Elles estiment que son programme de collecte des métadonnées téléphoniques, révélé par Edward Snowden, porte atteinte à leur droit constitutionnel à la liberté d'expression.