La taupe de l'agence américaine de sécurité nationale, Edward Snowden, a demandé l'asile en Russie et il est prêt à cesser de partager des informations secrètes pour conclure une telle entente, a déclaré un parlementaire russe, qui faisait partie d'une dizaine de militants et de responsables ayant rencontré vendredi le jeune homme à l'aéroport de Moscou, où il se trouve depuis des semaines.

M. Snowden semblait nerveux, mais il était apparemment en bonne santé pendant la rencontre à huis clos dans la zone de transit de l'aéroport de Cheremetyevo, a déclaré aux journalistes le député Vyacheslav Nikonov.

L'organisation Human Rights Watch a distribué une photo du jeune homme assistant à la réunion, la première nouvelle photo de l'ex-analyste de la National Security Agency (NSA) depuis qu'un quotidien britannique a révélé l'existence d'un vaste programme américain de surveillance des communications aux États-Unis et ailleurs dans le monde, en s'appuyant sur ses informations.

On ne sait pas si le gouvernement russe donnera suite à la demande. Le Kremlin a déjà exprimé son désir de voir Edward Snowden quitter le territoire russe.

Par ailleurs, le président américain Barack Obama s'est entretenu avec son homologue russe Vladimir Poutine au sujet du statut du jeune homme.

La Maison-Blanche n'a révélé aucun détail, mais a confirmé qu'Edward Snowden a fait partie des discussions lors d'une conversation téléphonique entre les deux chefs d'État vendredi.

Pour la Russie, offrir l'asile à l'Américain risque d'être un geste diplomatique délicat qui pourrait envenimer les relations avec les États-Unis, déjà entachées par les critiques américaines sur l'oppression des opposants par le président Vladimir Poutine, ainsi que par les allégations de ce dernier selon lesquelles la Maison-Blanche se mêle des affaires internes russes.

Dimitri Peskov, le porte-parole de M. Poutine, a déclaré aux agences de presse russes, après l'annonce de la demande d'asile, qu'aucune communication en ce sens n'avait été reçue pour l'instant, et que le président continuerait d'exiger que l'ex-analyste cesse de divulguer des secrets américains.

M. Nikonov et Genri Reznik, un avocat qui a participé à la réunion, ont tous deux confirmé qu'Edward Snowden souhaitait arrêter de couler des informations aux médias.

«Il a dit avoir été informé de cette condition, et affirme qu'il peut aisément l'accepter. Il ne désire pas nuire aux intérêts des États-Unis, puisqu'il est un patriote», a dit M. Nikonov.

On ne sait toutefois pas si le jeune homme détient toujours des informations potentiellement délicates à propos des programmes de renseignement des États-Unis.

Le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua ont récemment offert l'asile à M. Snowden, mais il est impossible de déterminer s'il pourrait partir de Moscou et se rendre dans ces pays sans traverser l'espace aérien des États-Unis ou de leurs alliés. Certains pays européens auraient refusé la semaine dernière de laisser passer l'avion du président bolivien Evo Morales, qui rentrait chez lui après un déplacement à Moscou, en raison de soupçons voulant qu'Edward Snowden se trouvait à bord.

La Russie se dit incapable d'extrader le jeune homme, puisqu'il se trouve dans une zone de transit international, et donc pas en territoire russe.

À court terme, sa demande d'asile en Russie pourrait simplement être une façon pour lui de quitter l'aéroport et de se déplacer librement.