Le directeur national du renseignement américain (DNI), James Clapper, a reconnu avoir induit en erreur le Sénat en affirmant que la puissante NSA ne recueillait pas les données des communications des Américains, dans une lettre dont l'AFP a pris connaissance mercredi.

Interrogé lors d'une audition publique devant la commission du renseignement du Sénat le 12 mars sur le fait de savoir si la puissante agence de renseignement électronique, la NSA, recueillait ou non «des données sur des millions ou des centaines de millions d'Américains», M. Clapper avait répondu: «Non, pas sciemment».

Depuis, un ancien consultant de la NSA Edward Snowden a été la source de révélation qui ont montré que la NSA collectait bien les métadonnées (numéro appelé, durée de l'appel) de communications de millions d'Américains avec l'autorisation d'une Cour secrète, forçant la communauté du renseignement à le reconnaître publiquement.

«Ma réponse était donc clairement erronée et je m'en excuse», écrit James Clapper dans son courrier adressé le 21 juin à la présidente de la commission du Renseignement du Sénat, Diane Feinstein.

Le DNI avait déjà reconnu son «erreur» en privé devant un collaborateur du sénateur démocrate Ron Wyden, l'élu qui avait posé la question lors de cette audition, mais avait refusé de le faire en public.

«Je peux maintenant faire cette correction publiquement parce que l'existence du programme de collecte des métadonnées a été déclassifiée», se défend M. Clapper.

Le sénateur Wyden est lui «profondément troublé par le nombre de communications erronées faites par de hauts responsables à propos de la surveillance intérieure ces dernières années», a affirmé à l'AFP son porte-parole Tom Caiazza.

Ancien consultant de l'Agence de sécurité nationale (NSA), Snowden a révélé, via des documents publiés dans le Washington Post et The Guardian, que le renseignement américain utilisait plusieurs programmes secrets de surveillance des communications.

L'un permet la récolte depuis 2006 aux États-Unis des données d'appels téléphoniques (mais pas leur contenu), un autre, nommé Prism, vise à intercepter les communications d'internautes étrangers se situant hors des États-Unis.

Il a également révélé, via le magazine allemand Der Spiegel, que les États-Unis se livraient à l'espionnage électronique systématique de l'Union européenne.