L'ex-consultant du renseignement américain Edward Snowden a accusé le président américain Barack Obama de «faire pression sur les dirigeants» de pays auprès desquels il cherche protection, dans une déclaration postée lundi sur le site internet de WikiLeaks, la première depuis son départ de Hong Kong il y a huit jours.

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Il a accusé M. Obama d'avoir donné l'ordre à son vice-président Joe Biden de faire pression sur les dirigeants des pays auprès desquels il a demandé l'asile pour obtenir son extradition.

«Jeudi, le président Obama a déclaré à la face du monde qu'il ne permettrait aucune ''manigance ou marchandage'' diplomatique à mon sujet», a déclaré Snowden dans un communiqué.

«Cependant, on apprend maintenant qu'après avoir promis de ne pas agir de cette manière, le président a donné l'ordre à son vice-président de faire pression sur les dirigeants des pays auprès de qui j'ai demandé une protection pour rejeter mes demandes d'asile politique», a-t-il ajouté.

Joe Biden a évoqué la situation de Snowden dans un entretien avec le président de l'Équateur, Rafael Correa, durant le weekend.

M. Correa a déclaré dans une interview avec l'AFP, lundi, que le vice-président américain lui avait demandé de rejeter la demande d'asile de l'ancien consultant américain.

Dans son communiqué diffusé depuis la zone de transit de l'aéroport de Moscou-Cheremetievo où il est bloqué depuis le 23 juin, Snowden affirme qu'Obama est coupable de «tromperie» et de vouloir lui appliquer la «sanction illégale» de l'exil.

«Ce sont là de vieux et mauvais instruments d'agression politique», a-t-il dit.

«Leur but est de faire peur, non à moi, mais à ceux qui voudraient me suivre», estime Snowden dans son communiqué.

L'administration Obama a rejeté la Déclaration universelle américaine des droits de l'Homme et a choisi «la stratégie d'utiliser la citoyenneté comme une arme», a-t-il ajouté.

«Bien que je n'aie pas été condamné, elle a révoqué unilatéralement mon passeport, faisant de moi un apatride», selon lui.

«Sans aucun mandat judiciaire, l'administration américaine cherche maintenant à m'empêcher d'exercer un droit fondamental. Un droit qui appartient à quiconque. Le droit de demander asile», s'indigne-t-il.

Snowden a demandé l'asile politique à la Russie et le président Vladimir Poutine a déclaré lundi qu'il serait le bienvenu en Russie aussi longtemps qu'il cesserait de faire fuiter des rapports secrets américains.

L'ancien consultant de la NSA a révélé qu'il avait quitté Hong Kong «après avoir compris que ma liberté et ma sécurité étaient menacées».

«En fin de compte, l'administration Obama n'a pas peur de lanceurs d'alerte comme moi», a-t-il expliqué. «Nous sommes apatrides, emprisonnés, impuissants».

«Non, l'administration Obama a peur de vous. Elle a peur d'un public informé, en colère, réclamant le gouvernement conforme à la constitution qu'elle lui avait promis - et qui devrait être constitutionnel», déclare encore Snowden.

Il conclut son message en disant: «Je ne renonce pas à mes convictions et je suis impressionné par les efforts fournis par tant de gens».

Par ailleurs, dans une lettre adressée au président Rafael Correa, Edward Snowden remercie l'Équateur pour son soutien, en estimant que ce pays était «un exemple pour le monde».

«Il y a peu de dirigeants du monde qui se risqueraient à défendre les droits d'un individu contre les plus puissants gouvernements de la planète, et le courage de l'Équateur et de son peuple est un exemple pour le monde», déclare M. Snowden dans cette lettre obtenue par la Press Association britannique.

Snowden aurait droit à un «procès équitable»

Le département d'État américain a affirmé lundi qu'Edward Snowden, l'ex-consultant de la NSA recherché pour espionnage, restait un citoyen américain et qu'à cet égard il aurait droit à un «procès équitable» s'il rentrait aux États-Unis.

«C'est toujours un citoyen américain. Il bénéficie toujours des droits accordés à tous les ressortissants américains, comme le droit à un procès juste et équitable pour les fautes dont il est accusé», a indiqué Patrick Ventrell, porte-parole adjoint de la diplomatie américaine, précisant lors de son point de presse quotidien que l'administration pourrait fournir à Edward Snowden un «document de voyage unique» en vue de son rapatriement après la révocation de son passeport.

L'ancien consultant de l'agence nationale de sécurité NSA, à l'origine des révélations fracassantes sur un programme américain secret de surveillance des communications mondiales, a demandé l'asile politique à la Russie. Il est réfugié à Moscou dans un aéroport depuis le 23 juin. Le président Vladimir Poutine a assuré lundi qu'il pouvait rester sur le territoire à condition qu'il cesse ses activités contre les États-Unis.

Le porte-parole adjoint de la diplomatie américaine a refusé de préciser quelle serait la réaction de Washington si la Russie accordait l'asile à Edward Snowden.

«Nous n'en sommes pas là. Nous allons essayer de continuer à faire valoir notre point de vue et nous espérons que (les Russes) prendront la bonne décision», a ajouté Patrick Ventrell.

Ce dernier a par ailleurs évité de réagir aux nouvelles révélations de cet ancien informaticien du renseignement américain sur des programmes d'écoutes et de surveillance des institutions européennes par l'agence de renseignement NSA. Sans reconnaître ni nier l'existence d'un tel programme, le diplomate a insisté sur le fait qu'un tel sujet devait être abordé en privé avec les Européens.

«Le gouvernement américain répondra de manière appropriée à nos partenaires via les réseaux du renseignement et de la diplomatie», a-t-il précisé dans la droite ligne de ce qu'a déclaré lundi, depuis la Tanzanie où il est en voyage officiel, le président Barack Obama.

«Nous n'allons pas discuter publiquement des détails d'un programme présumé de renseignement, mais nous avons été clairs sur le fait que les États-Unis, comme les autres pays, réunissaient des informations d'ordre international», a-t-il dit.